Lettre d'Antoine à son épouse Magdeleine, 3 mars 1812

Expéditeur : Antoine Morand
Expedié depuis : Grenoble

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Transcription

Sans adresse (manque une page)
Grenoble, le 3 mars 1812

James est arrivé ; vont déjeuner chez Besson avec les L'Angles père et fils et avec Dubois qui veut voir le fils, malgré le froid entre la famille Besson et la famille du bois. (sic)

[...] Il serait temps ce me semble de te parler de mes projets et de te les soumettre, mes idées ont été si troublées jusqu'à présent et j'ai été tellement atterré de ce cruel événement le coup a été si prompt et si inattendu que j'ai eu bien de la peine à me retrouver en état de réfléchir et de décider ce qu'il convient de faire.

J'imagine que M. Vitet t'aura communiqué ma lettre, j'étais tellement affecté en l'écrivant que je n'ai pu la relire, il aura excusé le désordre qui devait y régner.

On fait ici une neuvaine, celle qui aura lieu pour le repos de l'âme de ma mère, commence aujourd'hui seulement, le dimanche ne compte pas, elle se terminera par un service auquel la famille assiste, ce ne sera donc qu'après cette époque que nous irons te retrouver.

Demain nous entrerons dans certaine chambre où je n'ai pas encore remis les pieds, nous reconnaîtrons les papiers, etc. cette triste opération faite avec M. de Besson , je prendrai le moment de Mad. Dubois pour faire la remise de la garde-robe de ma mère à mes nièces, et ensuite M. Angles déterminera la manière dont M. de Besson reconnaîtra tout cela et de façon à me mettre à l'abri de toute recherche de la part de l'enfant mineur. Au reste il serait si difficile d'élever des difficultés que je suis fort tranquille à cet égard.

James fera ensuite un état du mobilier actuel, linge argenterie, etc. que nous pourrons comparer avec ce que j'avais remis à maman. De mon côté j'aurai à écrire à beaucoup de gens, cette occupation et des visites que jusqu'à présent j'ai continuellement reçues nous occuperont, j'ai grand besoin de l'être. Après avoir passé quelques jours ensemble, tu croiras sans doute inévitable de venir à Grenoble, je désirerais bien que M. de Curis put t'accompagner, tu auras à faire emballer tout ce que nous conviendrons de garder et à vendre ce qu'il serait trop coûteux de transporter. Il faudra bien d'ailleurs faire un peu d'argent pour fournir à ce transport et retrouver une partie des frais que j'ai à faire, à cet égard il faut penser que nous aurions pu conserver maman plus longtemps, et malgré l'état de grâce où je me trouve souvent, je le désirerais de tout mon cœur.

Les deux filles resteront ici, j'ai en elles deux, surtout réunies, la plus grande confiance, il y a du vin et des provisions et leur nourriture en mon absence ne peut être bien chère, James fera aussi un état approximatif de ces provisions. Tu examineras si tu peux amener Léo , il lui sera agréable de voir ses cousines, mais comme tu seras bien d'avis de ne point faire habiter l'appartement de ma mère, vous auriez bien de la peine à vous coucher, les derniers jours surtout où tout sera emballé, il faudrait bien aller à l'auberge ou s'arranger chez Besson et chez Mad.Dubois qui s'y prêteront sûrement, tout se passe très bien avec le premier et heureusement il ne peut élever de difficultés, il sent dès lors qu'il importe d'être bien avec nous, cela vaut aussi beaucoup mieux quoique cela puisse embarrasser à d'autres égards. Au reste je ne m'expliquerai sur rien que nous ne nous soyons vus et si je donne quelque chose je veux que ce soit toi, ma chère amie , qui en aies le mérite.

Je n'ai point encore parlé de l'appartement à Mlle de Cury . A cet égard nous serons bientôt d'accord. Si elle trouve de l'avantage à reprendre l'appartement, je le lui céderai et si cela ne lui convenait pas je l'aurai bientôt loué car il n'est pas cher aussi ne doutais-je pas qu'elle ne regarde comme avantageux pour elle et honnête de ma part de lui remettre l'appartement qui se trouve payé jusqu'en septembre par le dépôt que maman avait fait de 300 francs qui seront payés à Pâques.

Tout ce que tu me dis sur la garde-robe de maman est inutile ; elle n'avait rien excepté par le contrat de mariage, mais elle se l'était réservée par le traité qui doit nous régler tout et elle en a disposé ensuite de cette Réserve.

Tu remettras à M. de Curis les papiers ci-joints, s'il peut me lire et y comprendre quelque chose car tout cela a été fait bien à la hâte, la providence y aura pourvu en lui donnant une rare intelligence.

Demain je lui écrirai pour le charger de me représenter à cette assemblée, il verra M. Hélie à qui j'envoie le double de ces observations ; je voudrais que tu pris avec Honoré connaissance de ces détails et que tu en parlasses à M. Kecremont, qui a ses magasins à côté de la maison Sain près le pont, tu le prierais de se trouver à l'assemblée, je voudrais aussi que tu visses M. Avanchy , et que tu lui demandes la clef de l'armoire à 3 clefs que je lui ai confiée tu la remettrais à mon représentant c'est la clé de la serrure du milieu.

Si tu as vu M. Bureau tu parleras de lui et de ses idées s'il t'en a communiqué à M. Hélie quand il ira te voir. Si tu sors il faudrait recommander de le prier de t'attendre ou de lui faire indiquer à quelle heure il te trouvera, je voudrais bien que M. de Curis pût d'abord le voir avec toi ; s'il ne s'y trouvait pas il pourrait prendre la peine d'aller chez lui, il m'a dit qu'il logerait à l'hôtel du Nord, j'embrasse bien fort les trois enfants de Lyon ; et je suis trop pressé pour pouvoir barbouiller plus de papier. Mille baisers pour toi.

Mille choses de ma part à M. de Châteauvieux , je compte bien sur sa présence aux assemblées, et qu'il n'abandonnera pas son beau-frère.

Quand M. Tisseur fera la feuille de répartition pour le mois de mars, tu le prieras de ne plus m'y porter que pour 6 et d'y placer M. de Besson pour une.


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