Lettre d'Antoine à son épouse Magdeleine, 28 février 1812
Expedié depuis : Grenoble
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Je n'ai pas voulu sortir de chez ma mère, ma chère amie , mais j'ai toujours quelqu'un et quand je t'ai écrit ce matin tu sais que j'avais Mme Dubois auprès de moi ; le mari et la femme sont bien obligeants, c'est leur voiture qui a été chercher ce matin M. Angles à Melan [Meylan], M. Burdet a bien voulu y aller aussi et est revenu avec lui.
M. l'abbé Dumais directeur de ma mère est allé dans sa chambre avec Marie et a pris dans le secrétaire le testament de ma mère , elle avait commencé la seconde copie mais on ne l'avait point achevé il est du moins d'octobre dernier, elle ne l'a refait que pour substituer le nom de Mad. Dubois à celui de Mad. Chal tout le reste est absolument semblable. Elle y dispose des six mille francs de réserve et fais des dons assez considérables que j'acquitterai seul ; quand je le pourrai ma bonne amie ou quand James sera ici je t'en ferai une copie.
Jusqu'à présent cela va assez bien avec M. de B ., mais il jette en avant ce dont je le soupçonnais, que le mobilier qui m'appartient est celui que maman a apporté de Lyon et dont état a été fait, que tout le reste fait sur ses économies, et en acensement est à ses enfants.
Vis-à-vis de lui je ne suis pas disposé à rien céder, comme il se conduira je me conduirai, mais à coup sûr ce n'est pas le moment de traiter ces questions et j'ai répondu avec beaucoup de calme et de manière seulement à faire sentir que le moment de traiter ces choses-là n'était pas venu.
J'ai très peu mangé aujourd'hui, la nuit dernière j'ai reposé contre mon attente depuis trois heures et demi jusqu'à six ; je vais aller me coucher tout à l'heure et j'espère dormir ; sois bien tranquille sur ma santé c'est parce que je suis seul que je sens la nécessité de me ménager.
Le testament ne sera point enregistré, on n'a point mis de scellés, M. le docteur ne sera pas content mais j'avais réuni M. Langles , M. Burdet et M.Dubois ils ont été du même avis et je n'avais rien à dire. Il a été convenu que s'il s'élevait quelque difficulté entre nous, ces trois amis décideraient.
J'ai dit à M. De Besson devant ces Messieurs, je reste dans l'appartement, le secrétaire est par conséquent en mon pouvoir, je veux que tu en emportes les clefs, il a eu l'air de faire quelques façons, mais M. Angles ayant dit que j'avais raison et qu'il en ferait autant à ma place, il les a pris dans la porte, et M. Angles à ce qu'il paraît et qui approuvait ce que j'offrais, ne pensait pas que cela fût accepté.
Maman, ma chère amie , donne beaucoup en bonnes œuvres, cela va à 900 ou mille francs, mais elle a réellement fait des économies pour donner à ses domestiques et elle a eu l'intention de donner à l'une 300 à l'autre 400 qui seront pris sur une somme placée chez un négociant de cette ville.
Je ne croyais pas t'écrire si longuement car j'ai
Que deviendront les plantations de Machy, que fera-t-on à cette assemblée du pont, je n'en sais rien mais je sais bien ma chère amie que cette vie, même la plus longue n'est qu'un passage, que les peines s'y succèdent, que les jouissances sont rares, et que ma prière de tous les jours sera de ne point avoir le malheur de survivre à la meilleure moitié de moi-même.
Le samedi 29 février à 6h1/2 du matin. Je me suis couché hier à onze heures, ma chère amie , j'ai assez bien reposé, sois parfaitement tranquille sur ma santé et reçois l'expression de mon tendre et inaltérable attachement.