Lettre d'Antoine à son épouse Magdeleine, 1 février 1810

Expéditeur : Antoine Morand
Expedié depuis : Paris

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Transcription

A Madame Morand de Jouffrey rue Saint-Dominique à Lyon
Paris, le 1er février 1810 Paris, le 1er février 1810.

Je pourrais bien, ma chère amie , attendre comme M. Le chevalier qu'il y eut quelque chose de nouveau pour t'écrire, mais comme j'ai contracté l'habitude de t'écrire souvent quand nous sommes séparés et que tu as la bonté de t'inquiéter et de m'aimer encore, je vais te griffonner quelques mots avant de sortir.

Hier nous avons vu M. de Sathonay , il vient nous prendre dans une heure pour aller chez le ministre de l'intérieur et faire des visites aux puissances ; il paraît que la députation sera présentée dimanche nous n'en avons pas encore la certitude.

J'ai vu hier Mad. Chapet , M. n'y était pas, Madame Cabal et enfin quoique j'aie bien employé ma journée je n'ai pas encore fait grand-chose, le temps est affreux il dégèle et gèle sans cesse et les rues vont devenir impraticables pour des piétons qui ne cesseront de l'être que lorsqu'ils marcheront avec la députation.

Jusqu'à présent, ma chère amie , malgré les fatigues du voyage, je ne regrette pas le parti que j'ai pris ; il est malheureux d'être obligés de compter si fort, car sans cela il est impossible que je ne retire quelque avantage pour l'avenir de ce voyage impromptu.

Je suis sûr d'avoir l'occasion de voir souvent M. de Montalivet et j'espère qu'il me recevra bien ; je parlerai à M. Rolland pour le gravier et sur le tout il est certain que quoique j'espère tirer quelque parti de cette circonstance pour l'avancement de mon fils . Mon voyage sera surtout utile pour mes affaires de pont, je te prie donc bien de voir M. Adamely en le faisant prier de passer chez toi, de lui parler de ce dont nous étions convenus, mais sous le secret, de lui dire que je n'ai accepté la chose qu'à raison du bien qui pourrait en résulter pour notre affaire.

Que j'en dis un mot à Tisseur … mais que je n'ai pu le voir pour lui en parler la chose ayant été si pressée et décidée à l'instant etc etc. mon but comme tu le vois, ma chère amie , serait d'accorder les 25 l. à compte de ma dépense et dont je paye plus d'un cinquième dans le cas où la ville n'entrerait pour rien dans les frais de la représentation…

Le froid excessif qu'il a fait pendant mon voyage mais qui a bien diminué depuis hier, me laisse des craintes pour le Rhône, de loin on en a davantage ; je ne doute pas que M. Avanchy , les architectes et Porst surtout ne prennent toutes les précautions de prudence. Il est bien important de voir M. de Farges remplaçant le préfet pour lui parler de l'attitude des moulins qui sont placés au-dessus du point c'est ce qu'il y a de plus à redouter dans une …. Et comme je crois que cela regarde le préfet c'est à lui qu'il faut faire des représentations, sauf à M. Avanchy à se joindre à M. Brecret s'il le croit convenable pour en parler aussi au commissaire général de police M. Maillochot  ; je crois si tu n'a pas encore vu M. Avanchy que tu pourras d'abord lui parler de cet objet important et venir ensuite au reste mais cependant comme d'une chose de confiance et absolument secrète entre vous.

Il ne convient pas de lui parler de la possibilité que la ville nous indemnise tout cela n'étant pas trop clair, d'ailleurs si cela arrive ce sera alors tant mieux pour la compagnie. Et j'aurais le plaisir de ne pas user d'une ressource qu'il m'en coûte d'employer.

[...]

Nous nous portons tous deux très bien, logés à merveille et… tout en commun dis à Mad. la petite qu'avec ta permission je désire bien que cette communauté continue d'avoir lieu à Lyon et que j'ai tant de soin de son grognon qu'en vérité elle devrait bien y entrer pour quelque chose.

Mille baisers à notre chère Azélie , sa petite tatan voudra bien se charger de cette commission, je l'embrasse de tout mon cœur, et la charge de la rendre de ma part à sa tendre mère que j'assure d'une tendresse inaltérable que le temps et les malheurs ne pourront changer.


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