Lettre de Magdeleine à son époux Antoine, 30 janvier 1810

Expéditeur : Magdeleine Morand
Expedié depuis : Lyon

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Transcription

Adresse ?
Lyon ce mardi matin 30 janvier 1810

Antoine est parti à Paris le samedi précédent, le 27 janvier 1810.

1810, c'est l'année où Antoine est fait chevalier d'empire.

Je te remercie, mon cher ami, de m'avoir fait donner de tes nouvelles, Mme Victor vint hier sur les une heure me dire que le courrier vous avait rencontré près d'Autun où vous deviez aller dîner, il me semble que vous avez jusque-là fait assez de diligence et j'espère que le reste de votre route sera aussi heureux à part que vous avez eu bien froid ce qui doit être une souffrance, mais vous aurez évité quoi qu'en aye pu dire Le Moine celle de la faim, je pense que tu auras suivi le Régime de M. de la Ferrière  ; j'ai fait donner les mêmes nouvelles à Mme La Petite qui m'a recommandé de continuer lorsque j'en aurais. Présumant bien que tu serais plus exact que son mari, je passai une partie de l'après-dîner dimanche avec elle. Elle n'a pas l'air plus contente que moi de votre promenade et m'a répété plusieurs fois que le minou était aussi trop généreux, que cependant elle espérait qu'il ne parlerait pas d'une manière contraire au moine à M. Le maire , que ce premier ne doutait pas qu'on se conduisit vis-à-vis de vous de la même manière qu'avec les députations précédentes, tu penses si j'ai approuvé son opinion et puisque M. et Mme Sain y tiennent autant, juge ce que nous devons faire ainsi, mon bon ami, n'aie pas un dévouement extraordinaire, car dans tous les cas Mme Fay doit te savoir grand gré de ta conduite ; si cet article s'arrange comme le désire Mme Sain , je sens que sans la rigueur de la saison, je n'aurais pas craint ce petit voyage pour toi, il ne peut qu'être avantageux de toute manière à nos affaires.

Je vis hier soir Mme Rambaud , qui paraît avoir eu un rhume bien fort, mais elle était un peu mieux ce que tu pourras dire à son mari , qui lui marque qu'il n'a pas un moment à lui, c'est en raison sûrement des dîners qu'on leur donne, pour moi j'ai été fort contente du petit mot que leur a dit l'empereur, et je pense que vous serez également bien reçu, d'autant que votre mission n'est point aussi générale que celle des autres et lui en particulier.

Le froid est toujours bien vif, il fut hier à 10 degrés et aujourd'hui un peu moins, le Rhône est dans le même état et n'a pas charrié hier, il faut bien espérer que ce temps s'adoucira ; je ne tarderai pas à voir M. Adamoly et me flatte d'avance d'en être contente.

Je priai Mme La Petite de savoir de M. Merlas quelle était la personne dont il avait été le plus content pour certain objet et je te fais passer la carte qu'on m'a envoyée, Mme Arnaud les avait estimé ici 4 M. f. et il en a retiré plus de 6 de la personne désignée, quoique Mme Sain n'en soit pas bien contente, il n'y avait cependant qu'une paire de boucles d'oreille en cercle, 2 belles bagues et une épingle, je ne lui en avais jamais trouvé beaucoup ce qui a fait près de 7m avec la petite chaîne que lui a vendue ici Mme Sain , je trouve donc cela très favorable ; mais d'un autre côté je vis le matin Mme Rouguard et comme Mme Arnaud m'avait dit qu'elle avait fait de même, en avait tiré un grand parti, je me décidai à lui en parler, mais au contraire, elle avait un beau collier et de beaux bracelets et le tout n'a fait que 4 700 # ainsi j'ai été dispensée de lui demander son adresse, elle m'a dit qu'elle avait envoyé le tout à son frère je ne me suis permis aucune réflexion, mais j'en ai fait par devers moi, et il me semble qu'à sa place je n'aurais pas eu même confiance, j'en ai beaucoup en ce qu'a fait M. Merlas sans oser espérer un grand trésor de ce que je t'ai remis, tu te donneras bien sûrement toutes les peines nécessaires, je regretterais pas et j'espère qu'en y ajoutant le revenu les remplaçants vaudront mieux ; j'ai ton adresse à Mme Rougnard son frère t'ira voir et dans tous les cas tu tâcheras d'en ra des nouvelles à sa sœur.

Honoré me tint compagnie samedi  ; il dina dimanche chez M. de Saint Ferrand et soMme Pirou , il passa hier la soirée avec nous quoique Mme de Château Vieux eût du monde engagé, je l'ai trouvé fort bien ces jours ci tu sais que cela varie ; nous devons tous trois déjeuner donc à 11 h. parce qu'il va à Curis sans me dire le moment de son retour, mais je ne présume pas qu'il y reste longtemps.

Je reçus hier une lettre de James qui fait toujours les mêmes lamentations sur les grandes occupations, c'est vraiment un tourment terrible pour lui que ces malheureux examens, mais enfin c'est le dernier, ce dont je suis bien aise aussi ; je vis samedi après ton départ, M. Ducloy qui arrivait de Paris et se rendait à Grenoble, je lui dis seulement que tu étais à Machy et je pense souvent à la surprise de James lorsqu'il recevra la lettre ; adieu mon cher ami, quoiqu'auprès du feu j'ai bien froid et une plume qui me fait de gros pochons, nous nous portons bien et t'embrassons, Azélie fait bien dire que son bon papa est à Paris je souhaite que ce voyage te distraisse (sic) ce qui est bien nécessaire. Ne m'oublie pas auprès du moine , vous aurez chacun vos courses à faire séparément, mais vous vous réunirez pour la grande représentation ; je me suis aperçu que je ne t'avais mis qu'une paire de bas de couleur, tu seras obligé d'en remplacer une paire, adieu j'attends avec impatience ta première lettre.


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