Lettre d'Antoine à sa mère Antoinette, 26 février 1808

Expéditeur : Antoine Morand
Expedié depuis : Lyon

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Archives municipales de Lyon, fonds Morand, FRAC069123_14II_35_2_1808_02_26_1.jpg
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Transcription

A madame Morand rue Brocherie
Lyon, le 26 février 1808

[...] Ce n'est pas cependant que lorsqu'on est aussi malheureux que je le suis on ne soit pas disposé à redouter les événements les plus imprévus et les moins naturels, tout en blâmant la douleur immodérée à laquelle ma femme s'abandonne j'ai bien de la peine à surmonter la mienne et si elle eut été plus raisonnable peut-être l'aurais-je été beaucoup moins.

J'ai cependant obtenu d'elle qu'elle donnât à dîner aux sœurs d'Honoré , mais comme elle ne veut pas se servir de son salon, et que sa chambre est excessivement petite, elle les a eues séparément. Mad. de la Roue Mlle Mariette la petite et son papa dîneront un jour à la maison avec M. Navarre , un autre jour nous avons eu M. et Mad. de Châteauvieux avec le cousin Victor Charlet, et hier nous avons dîné chez Mad. de la Roue , elle a fait enfin quelques tours de boston il y a quelques jours, enfin elle montre plus de courage ; mais elle paraît invariablement tenir à l'idée d'abandonner Machy; elle voudrait que j'achetasse une petite maison près de Lyon, mais je sens bien que je suis loin de le pouvoir et je regarde qu'une acquisition de ce genre ne ferait que me forcer ensuite à vendre Machy dont je ne pourrais prendre sur moi de me défaire, tenant beaucoup à ce séjour et surtout à l'idée de pouvoir en assurer la possession à mon fils après nous.

Mais hélas il n'appartient pas à de faibles mortels de faire des projets ou du moins de les exécuter, nous en faisons la bien cruelle expérience. [...]

J'ai refusé tous les dîners possibles pour rester beaucoup avec ma femme et lui faire sentir aussi que je dois renoncer à aller chez les autres si elle veut cesser tout-à-fait de les recevoir, j'espère que cela l'engagera à reprendre l'année prochaine notre ancienne manière d'être mais je sens bien que ce sera toujours avec de bien cruelles différences. Adieu ma chère maman , ayez bien soin de votre santé et attendez qu'elle se soit bien fortifiée et que le temps ait bien changé pour prendre l'air ; j'embrasse ma tante , mon fils , neveu et nièces. Ma femme me charge de mille choses tendres pour vous ma chère maman et pour les nôtres, agréez l'assurance du respectueux et bien tendre attachement de votre fils. Signé Morand.


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