Lettre d'Antoine à sa mère Antoinette, 19 décembre 1807

Expéditeur : Antoine Morand
Expedié depuis : Lyon

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Transcription

A Madame Morand, rue Brocherie, Grenoble
Lyon, le samedi 19, 10h du soir

Je crois bien, ma chère maman , qu'il ne vous a pas manqué de mes nouvelles depuis que je vous ai quittée et que cependant vous me permettez de vous en donner directement ; ma santé est bonne, mon œil sans douleur et mes nuits passables ; le jour je suis très occupé et les soirées se passent ou avec ma petite compagne ou en l'accompagnant quelque part et venant la rechercher le soir ; comme j'ai fait aujourd'hui chez Mad. de Montherot  ; elle m'a chargé de mille choses pour vous et pour ma femme , et n'a cessé de me dire combien elle appréciait et aimait encore mieux Léo depuis qu'elle avait eu plus de rapports avec elle ; elle lui trouve beaucoup de douceur, d'intelligence, de mémoire et un heureux naturel ; elle est enfin bien persuadée que son éducation peut présenter à celle qui voudra la faire, plaisirs et succès. [...]

Il va le lendemain à Machy avec Léo, Magdeleine ne s'étonnera donc pas de ne pas recevoir de lettre avant mercredi.

[...] Le peu d'instants que j'ai passés près de vous a été bien court et bien empoisonné par les cruelles réflexions qui suivent et déchirent partout un cœur cruellement blessé, mais ma chère maman , j'ai trouvé des adoucissements à mes peines dans vos bontés et suis on ne peut plus reconnaissant de tout ce que vous faites et pour mon fils et pour ma femme  ; je sens qu'elle est bien à plaindre et les moments où je n'ai pas plus de courage que cette mère infortunée , me semblent insupportables ; hier je n'ai pu me défendre d'un peu d'inquiétude car la lettre du jeudi et qu'elle a postée elle-même à la poste, ne m'est parvenue que ce matin et vous sentez que j'y comptais bien ; je crois qu'en général les paquets se font de très bonne heure à Grenoble. 

J'ai été voir le soir Mad. Vial , elle est bien touchée et comme l'éprouvent les malheureux, elle sent d'autant plus vivement la perte d'une excellente amie qu'un chagrin nouveau semble renouveler tous les autres. Elle m'a chargé des choses les plus affectueuses pour maman et pour ma femme.

Je vois avec plaisir que les maux de tête de James ont un peu diminué, il y aurait peut-être de l'inconvénient à mettre trop souvent et de suite les jambes dans l'eau, mais il fera bien d'en user de temps en temps ainsi que de petits remèdes aussitôt que les fonctions journalières sont retardées. Il dira à sa Maman que la Mie est toujours dans mon écurie on l'a menée deux fois à Carabara, où on avait trouvé 13 louis et demi j'aurais été bien fâché à mon retour qu'on l'eût laissée à ce prix-là et aujourd'hui on n'en donnait que d(déchiré) louis. Elle est encore assez jolie mais elle est bien vieille (déchiré) boite assez rondement. Je ne sais plus comment m'en défaire.

Mille choses bien tendres de ma part je vous prie à ma bonne [tante ? déchiré], mille amitiés à Besson , à Olimpe , Auguste , Louise , etc., etc., etc., sans oublier ma cousine manchette ; j'embrasse mon fils et le charge de le rendre d'une manière plus sensible à ses deux mamans. Je vais me coucher car nous devons nous lever demain de bonne heure pour aller entendre la messe avant notre départ.


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