Lettre d'Antoine à son épouse Magdeleine, 24 avril 1807

Expéditeur : Antoine Morand
Expedié depuis : Paris

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Transcription

Adresse ?
Vendredi 24 à onze heures ¼ du soir

J'ai à travailler demain matin, ma chère amie , et à sortir de bonne heure et vais t'écrire un mot avant de me coucher quoique je n'aie rien de nouveau à te dire puisque l'état de mes affaires et mon attachement pour toi sont toujours les mêmes.

J'ai à répondre à ta lettre du 18 que je reçus avec une lettre de James pendant que je t'écrivais ma dernière et à celle du 24 avril que j'avais bien attendue hier parce que calculant que tu reviendrais dimanche de Machy je croyais que tu me donnerais de tes nouvelles le lundi ; cette contrariété m'a même donné un peu d'inquiétude, à raison de ce que je savais que tu avais couru les grands chemins.

Ta lettre du 18 m'annonce la fin de tes visites ; tu sens bien que Chirat gendre de M. Berlier ne peut pas être trop d'avis du doublement de péage, ou que du moins le beau-père est bien instruit de mes sollicitations.

Quant à ce qu'a demandé M. de La Chassagne je suis bien de cet avis, mais c'est une vilénie de l'avoir fait demander sur le conseil ou pour le préfet comme on me l'a dit, car je ne peux jusqu'à présent connaître ces arrêtés qu'en ouï dire ; j'espère cependant qu'ils me parviennent en copie originale et exacte.

Cette lettre qui est fort courte finit cependant très bien puisque j'y ai vu Albine entrer dans la salle-à-manger donnant le bras à la sœur saffrey ; depuis deux entiers jours il fait bien chaud à Paris ; comme le froid que nous avons éprouvé ici n'a pas épargné les chicots de Machy et de Curis, il faut espérer aussi que la chaleur et le beau temps se font aussi sentir à Lyon comme à Paris et bientôt à l'aide de bonnes lunettes que j'ai achetées ayant oublié les miennes, j'espère voir Albine se promenant sur la place avec son mari .

Je vois ma chère amie par ta lettre du mardi qui réellement a été écrite un jour plus tard, que tu as fait à Machy un voyage pénible, mais enfin que tu y es allée et revenue en bonne santé ; tu as fait porter du bois à Lyon et en effet cela vaut mieux que d'en acheter, mais je tiens cependant à en avoir d'avance et rangé dans des bûchers fermés. Un mari propriétaire de bois a toujours au reste des remerciements à faire à sa femme quand elle se borne à en diminuer la quantité. Mais quant au prix des ficheteurs, n'en diminue pas s'il est possible car le bois est bien meilleur. Tu me donnes de fort bonnes nouvelles d'Azélie et je n'en étais pas en peine puisqu'on n'en parlait pas. Embrasse bien son papa et sa maman. Si tu fais du premier son grand et petit papa il n'y a plus rien à faire pour moi dans tout cela et je serai cependant fâché de ne pas être quelque chose à cette jolie petite.

[...]

J'ai bien peur qu'on ne fasse trop de choses aux Brotteaux et qu'au moins tout cela ne soit trop long et plus coûteux que cela ne devrait être. Je ne vois pas comment on pourrait ne pas trouver à laver la terre près de la Glacière. Elle est fort bonne et dans tout ce quartier là la bicherée vaut bien un louis. J'espère cependant que les tombereaux qui sont ce qu'il y a de plus dur n'ont pas continué de marcher à mes dépends. Quand M. Tisseur aura tout payé tu règleras les intérêts jusqu'à la fin de mars ; parce que je crois qu'ils ne sont partis sur le billet que jusqu'à la fin de décembre. Je crois en effet que Querrand fera bien les couchètes (sic) mais pour la chambre sur le grand jardin je voulais une couchette dans une forme un peu nouvelle. Je suis bien de ton avis sur M. Donnereau et je pense que tu feras bien d'écrire à ma mère et directement à James à qui cette liaison ne peut convenir sous aucun rapport. J'ai été content de la lettre qu'il m'a écrite et avec moi il ne court pas après l'esprit. J'imagine que tu lui as envoyé un peu d'argent ; il est très à sec et est fort drôle dans la manière dont il me parle de la crainte qu'il a de te voir obligée de suspendre ses paiements et combien il pourrait en résulter d'embarras pour les premières maisons de commerce.

Il ne faut pas craindre l'effet de la pétition dont tu me parles, il serait cependant fâcheux que les gens honnêtes se mêlassent de signer de pareilles sottises ; sache cependant s'il en est parvenu quelque chose au préfet , tout ce qui est envoyé directement au ministre n'a pas grand effet ; et si cela est remis au préfet d'après l'avis qu'il a donné on est bien sûr qu'il ne s'arrête pas à des déclamations. [...]


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