Lettre d'Antoine à son épouse Magdeleine, 18 avril 1807

Expéditeur : Antoine Morand
Expedié depuis : Paris

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Transcription

Adresse ?
Paris, vendredi 18 avril (1789 erreur? plutôt 1807)

Je te remercie bien, ma chère amie , de ton exactitude à m'annoncer la réussite de l'affaire au conseil municipal, je voudrais pouvoir espérer ici de pareils succès mais enfin, tôt ou tard, ce que tu viens d'obtenir nous sera de la plus grande utilité, M. de Sathonay le croyait ainsi, j'avais tort de me défier du conseil et dès que cela a réussi il m'a rendu service de me faire suivre cette marche. Je ne me flatte pas que tu puisses m'envoyer ces papiers aussi promptement que tu le crois, il faut rédiger l'arrêté du conseil municipal, celui du préfet et à cet égard je compte beaucoup sur M. Duparc pour en soigner la rédaction mais cela entraînera quelques délais indispensables.

La Roquette chez lequel je dîne aujourd'hui m'a présenté hier à M. secrétaire intime et parent du ministre de l'intérieur , j'ai été très content de la réception amicale qu'il m'a faite, je l'avais connu anciennement, mais il ne m'a pas caché les difficultés que j'éprouverai et me fait craindre qu'il faille absolument une loi et dès lors une assemblée du corps législatif dont on ignore absolument quand sera la convocation, attendu les circonstances.

Je dois voir aujourd'hui M. de Montalivet et lui seul peut fixer ou détruire mes espérances, ce ne sera pas même dans une première audience que je pourrai savoir à quoi m'en tenir sur cet objet car ce n'est que d'après bien des détails dans lesquels il faut entrer que je pourrai avoir son avis. Il serait même dangereux pour moi de le mettre dans le cas de se prononcer trop tôt parce que les hommes et surtout les gens en place reviennent difficilement de leur première décision. Ce qu'il a de bien malheureux pour moi, c'est l'absence de M. Cretet qui m'aurait été d'un grand secours au conseil et qui est encore absent pour 15 à 20 jours. Il est bien mal à moi, ma chère amie , ou il est au moins bien terrible de ne t'écrire en réponse à de bonnes nouvelles que des choses un peu décourageantes, tu sais cependant que je conserverai de l'espoir tant qu'il me sera permis et je te l'ai déjà dit, si je ne peux empêcher une interruption de double péage, j'aurai au moins l'espérance avant de partir que ton ouvrage ne sera pas perdu pour l'avenir.

Je ne sais ce que j'ai fait à ce M. de Maq mais je vois avec plaisir que dans ce grand membre il est le seul qui ne nous ait pas témoigné de l'intérêt, c'est pour nous et pour la ville un étranger et il est flatteur d'être estimé et d'éprouver la bienveillance de ses concitoyens.

La Roquette m'a dit qu'il était chargé de retenir un appartement pour M. et Mad de Poleimieux ; il paraît qu'il a envie de les loger rue du Helder à l'hôtel de Mirabeau, ils seront près des boulevards et pas loin de l'appartement de Pernon , on dit du bien de cet hôtel, les Lyonnais y logent volontiers et M. Guille y est à présent. J'aurais désiré qu'ils eussent loué plus près de moi et dans la rue de Richelieu où je suis il ne manque pas de beaux hôtels et d'appartements vides. Je ne sais comment font ceux qui me logent, mais tout est plein dans ce moment. Mille remerciements à M. de Poleimieux , tous mes compliments les plus empressés à madame  ; M. Posruel a appris de leurs nouvelles et leur prochaine arrivée avec un grand plaisir ; si La Roquette n'était pas chargé de leur retenir un appartement [...] ils ne doutent pas de l'empressement que j'aurais mis à remplir leurs intentions.

On dit que M. de Savoureux sera aussi du voyage ; j'apprends aussi avec grand plaisir que M. Pernon reviendra à cette époque, mais alors mon affaire sera décidée. Au reste, elle peut ou non se finir sans une loi ; c'est une question à examiner et quelle que soit la décision elle sera basée sur des principes d'administration dont on ne peut s'écarter et contre lesquels les sollicitations seraient toutes sans effets.

Embrasse bien tendrement pour moi notre petite dame et son mari , j'espère apprendre qu'elle reprend courage, je sais qu'il reviendra bien vite avec la santé. Bien des baisers à Léo et compte sur le tendre attachement de ton meilleur ami qui t'aime toujours de tout son cœur quoique grand-mère.

N'ayant rien à te dire sur les affaires de Paris et dans le cas de sortir je termine là un plaisir que j'aimerais bien cependant à faire durer comme tous ceux que tu me procures…


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