Lettre d'Antoine à sa mère Antoinette, Datée 30 décembre1805, en réalité 30 novembre 1805

Expéditeur : Antoine Morand
Expedié depuis : Machi

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Archives municipales de Lyon, fonds Morand, FRAC069123_14II_35_2_1805_11_30_1.jpg
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Transcription

A Madame Morand Rue Brocherie à Grenoble.
Machi, le samedi 30 décembre…

C'est pour savoir de vos nouvelles, ma chère maman , que je vous écris quelques mots et si n'avez pas le courage de m'en donner veuillez bien prier ma tante de vous remplacer. Depuis plus de huit jours on m'a caché celles qui arrivaient de Grenoble. Lundi soir en arrivant à Lyon j'ai appris la perte cruelle que nous avions faite et mercredi j'ai écrit un mot à mon beau-frère, hier James a reçu une lettre d'Olimpe , je vois qu'ils sont tous à Cosseil, elle ne dit rien de ce qui vous concerne, donc vous êtes à Grenoble ; je sais ma chère maman que vous êtes accoutumée à faire rigoureusement ce que vous regardez tenir aux devoirs d'une bonne mère, si donc vous êtes utile à Besson ou à ses enfants, vous ne les quitterez pas dans ce moment, si cependant il en était autrement, si surtout le séjour de Grenoble dans cet instant ajoutait à votre douleur et nuisait à votre santé, venez nous trouver, nous ne vous recevrons pas avec joie, elle est maintenant loin de nos cœurs, mais nous pleurerons ensemble, et le bonheur de votre petite-fille , les attentions d'un nouveau fils contribueront peut-être à adoucir vos peines ; voyez avec ma tante ce qui est convenable aux circonstances et surtout ce qui est nécessaire pour la conservation de votre santé. J'ai proposé à Besson pour lui et ses enfants, de venir passer quelques temps à Machy et vous réglerez tout cela comme vous le croirez le plus dans l'ordre.

Je vous écrirai plus longuement ma chère maman , que je ne vous parlerai point de celle que nous pleurons. Cela nous ferait mal à tous les deux et environnés dans ce moment de jeunes gens dont ma tristesse étouffe la joie, je suis obligé de la contraindre le plus que je peux et de chercher à m'étourdir sur des maux irréparables.

Embrassez bien tendrement pour moi ma tante , veuillez bien, elle, ou vous, me donner des nouvelles de votre santé. Tous vos enfants vous embrassent et vous désirent si toutefois il n'en résulte pas dans ce moment un accroissement de douleurs pour ceux de Grenoble. James écrit à Olimpe . Agréez, ma chère et infortunée maman , l'expression de toute ma tendresse.


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