Lettre d'Antoine à son épouse Magdeleine, 27 décembre 1804

Expéditeur : Antoine Morand
Expedié depuis : Paris

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Transcription

Adresse ?
Paris, le jeudi soir 6 nivôse

Il dit qu'il ne lui a jamais écrit une lettre de bonne année. Sa place est retenue pour le 15, samedi. Il a dépensé beaucoup d'argent ; voyage qui ne lui a rien rapporté ; malade, recours aux sangsues ; a vu M. et Mme Lanjuinais ; très paresseux, ne s'agite que depuis quelques jours pour faire ses visites ; « prétendue nomination de Mme Sain » à la place de dame d'honneur ; il n'en est rien ; elle sera sûrement présentée par le cardinal mais un matin seulement et sans cérémonie ; très coûteux par la grande toilette qui faudrait faire, autrement ; Mad. Sain est tjrs aussi raisonnable qu'à son ordinaire et « je ne crois pas que toutes les idées d'ambition et d'honneur agissent puissamment sur elle ». A dîné chez Chasset avec les maires et « mairesses ».

[...] Je vois qu'Albine a commencé à danser et suis toujours bien aise de la voir se livrer à un plaisir qui est bien de son âge, je suis cependant fâché que tu n'aies pas cru que la perte qu'elle venait de faire d'un aussi parent exigeait quelques privations de ce genre au commencement d'un deuil qu'elle n'est plus d'âge à se dispenser de porter. [...]

Je suis bien fâché que Vitet ne s'occupe pas de la consultation et je suis fâché que tu lui aies parlé que je m'occupasse de consulter à Paris, je ne le lui avais jamais dit aussi formellement et je crains bien que la petite.. ou la crainte de voir peut-être son avis se trouver différent de celui de jurisconsultes de la capitale, ne l'empêchât de le donner par écrit et motivé ; tâche de réparer cela en lui disant que je te mande que j'espère de son amitié qu'il se sera occupé de l'examen de notre affaire et de décider la marche que nous devons suivre et que je ne compte sur tout pour me déterminer, que sur ses lumières. Qu'il faut enfin prendre un parti pour finir cette malheureuse affaire et que ce sera d'après l'avis de M. Vitet que je dirigerai absolument ma conduite…  [...] En vérité je crois que je vais oublier que c'est une lettre de jour de l'an que j'écris et la terminer en mari, c'est-à-dire en grondant, je ne crois pas cependant que ce soit mon usage, car je ne crois pas avoir jamais été fâché assez longtemps contre ma bonne amie pour l'avoir grondée par écrit, nos petites querelles sont bientôt terminées, elle sont l'effet ordinairement d'une vivacité que je me reproche tout de suite après mais partant de la tête et non du cœur où tu règnes. Embrasse plus tendrement encore qu'à l'ordinaire nos enfants et compte sur l'invariable attachement de leur père .


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