Lettre d'Antoine à son épouse Magdeleine, Dimanche 18 ou 25 juillet
Expedié depuis : Grenoble
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Nous sommes arrivés, Ma bien bonne amie , en fort bonne santé et sur les huit heures ; j'ai trouvé toute ma famille de ce pays-ci rassemblée chez ma mère , il n'y manquait que Louise , ma sœur a eu la complaisance de descendre de très grand matin et à pied de Cosseil avec ses deux grands enfants et son mari pour se trouver à mon arrivée, j'ai été très content de sa santé et elle a un air de force que je ne lui avais jamais vu et qui me fait grand plaisir ; on a bien parlé au déjeuner que nous venons de faire et de toi et d'Albine en regrettant beaucoup de ne pas vous voir autour de cette petite salle. Je suis très content de la tournure d'Olimpe mais Auguste a bien changé et est encore bien sourd cependant comme tout le monde s'accorde à dire que cela diminue, il faut espérer qu'il sera bientôt débarrassé de cette infirmité, ma tante est fort bien, ma mère n'est pas mal ; on n'a pas encore pu décider ce que nous ferions, j'ai été obligé d'annoncer le peu de temps que j'avais à rester, ma sœur veut nous réunir tous à Cosseil et tu sens que ma tante et ma mère y venant, rien ne me retient à Grenoble ; je crois cependant que nous n'irons que mercredi à la campagne pour en revenir le samedi ; nous voilà tous bien divisés voilà ce qui me fâche beaucoup mais j'espère qu'Albine sent bien que je n'ai pas pu lui procurer le plaisir de venir avec nous et qu'elle sera bien aise ensuite de n'y être pas venue pour avoir occasion de faire avec toi un voyage un peu long ; j'embrasse de tout mon cœur la mère et la fille, je ne dis rien pour Léo puisque cela ne lui parviendrait pas ; je vais céder ma plume à ton fils qui ne veut pas plus se coucher que son père et a prétendu en arrivant qu'il n'avait pas sommeil mais grand appétit. Adieu ma bien bonne amie , ma mère me charge de mille choses tendres pour toi. [...]
Ecriture de James, toute ronde, trait épais, un peu penchée : Je ne veux pas laisser fermer la lettre de mon papa sans y mettre aussi quelque chose pour toi et pour mes sœurs. Mon papa t'a sûrement dit que nous avions fait un bon voyage (que je regarde comme une petite promenade). En arrivant ici nous avons trouvé toute la famille chez ma bonne maman ils sont tous bien fâchés que tu n'aies pas pu venir aussi avec ma sœur. Je viens de rentrer j'avais été à la messe avec ma bonne maman . En arrivant ici j'ai été choqué de la vue de ces montagnes et comme toi je ne peux pas les sentir ce qu'il y a d'étonnant c'est qu'au pied de ces rochers incultes on trouve des terrains très cultivés. Adieu ma chère maman embrasse bien pour moi ma sœur dis lui que je lui écrirai souvent et sois assurée du sincère attachement de ton fils qui te chérit.
Signé : « James Morand »