Lettre d'Antoine à sa mère Antoinette, 12 juillet 1802
Expedié depuis : Lyon
Facsimilés
Si le zoom ne fonctionne pas sur votre navigateur : cliquer sur l'imageTranscription
M. Tisseur sort d'ici, ma chère maman, il a vu M. Desgranges et doit bien compter aujourd'hui les 1 250#, il me rend bien service autant qu'il le peut car je me trouve payé de répartitaires dont les autres associés n'ont pas encore les fonds, comme je vous l'ai dit, je ne négligerai rien pour presser le payement du quartier courant et à l'avenir j'espère pouvoir être assez exact pour que vous ne soyez plus dans le cas d'emprunter et surtout de payer des intérêts. Je ne sais que trop par expérience combien ils sont ruineux pour les gens réduits à des rentes. [...]
[...] C'est ce qui me met dans le cas de ne pouvoir fixer l'instant où je pourrai aller vous voir avec James , je ne sais comment faire une absence sans que cela produise un mauvais effet au tribunal et à l'administration des hospices que j'ai abandonnée longtemps à cause de mon séjour à Paris. Ma fille part aujourd'hui ou demain pour Charbonnières, Mad. de Monberat va s'y établir avec ses filles et une femme de chambre ; elle veut bien se charger d'Albine ; ma femme a bien assez à faire à Machy où elle va retourner et où nous voulons faire de grands changements cette année relativement à la manière de faire valoir ce domaine qui ne nous rend de clair jusqu'à présent, que les dépenses qu'il nous évite pendant le séjour que nous y faisons. Quand ma fille aura pris les eaux, M. Dussaussoix qui n'en était pas trop d'avis, veut qu'elle reprenne de suite le lait d'ânesse ; il est persuadé que les eaux l'échaufferont beaucoup, il n'est donc pas possible de penser à vous la mener, cependant elle s'en flatte et je vois bien que ce sera un chagrin pour elle.
Quant à moi ma chère maman , j'ai la plus grande envie d'aller vous embrasser et de vous mener mon fils , j'aurais bien désiré que vous eussiez pu venir passer l'automne avec nous, laissez-moi toujours espérer de vous ramener avec nous et vous arrangerez ensuite le moment du printemps ou même plutôt où ma femme et ma fille pourraient aller vous voir, c'est au milieu de mai que cela lui serait le plus facile, je vous assure que nous nous trouvons à bien des égards dans la position où vous avez été longtemps avec mon père et qu'il nous est impossible de quitter ensemble la suite de nos affaires.
En résumant, ma chère maman , que je ne change rien à vos projets de campagne ; ce ne pourra être que dans le commencement du mois d'août que j'irai à Grenoble avec James ; je n'aurai que 8 jours de libres et je les passerai où vous voudrez, vous sentez cependant que je désire que ces jours qui passeront bien vite soient autant que possible employés à réunir l'avantage d'être avec tous ceux qui me sont bien chers, je m'en rapporte à vous ma chère maman , pour régler tout cela de la manière la plus agréable pour toute la famille.
Je vous rendrai compte verbalement de tout ce que j'ai à faire et vous verrez que ce n'est pas ma faute, si je suis obligé de restreindre à 8 à 10 jours le temps dont je peux disposer. [...]
Mad. de Montherot vient de vendre Rivinée je ne sais si vous en êtes instruite j'en ai été bien étonné peut-être au reste a-t-elle raison de penser à augmenter ses revenus, je commence à croire que quand l'argent a autant de valeur c'est se bien peiner que de vouloir conserver toutes ses propriétés à ses enfants il en résulte une bien grande gêne pour les Père et mère. [...]
M. Guérin marie sa fille, elle épouse un M. Mouton qu'on dit fort joli garçon mais ne rien avoir, il paraît au reste que le père ne donne à sa fille que quarante mille livres et on assure que cette fortune (je parle de celle de la fille) pourra bien diminuer beaucoup par la conduite de M. son père et ses nouveaux engagements.
On a eu quelques jours d'humeur, aux Brotteaux, maintenant cela va
bien et je ne crois pas qu'on m'en veuille particulièrement si ce n'est quelques mauvais
sujets dont on ne peut
Ma femme se porte bien, James aussi, il est venu passer la journée d'hier avec nous, je vous embrasse de tout mon cœur [...].