Lettre d'Antoine à son épouse Magdeleine, En réalité, 27 avril 1801

Expéditeur : Antoine Morand
Expedié depuis : Paris

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Transcription

N°22/Sans adresse
Paris le 7 germinal an 9

La lettre est bien datée du 7 germinal. Son contenu correspond cependant à la date du 7 floréal, à l'époque de l'affaire Royer ; son numéro (22) ne fait aucun doute.

Un mot d'affaires ou de commissions, ma bonne amie , car depuis longtemps je ne peux trouver le moment de t'écrire pour mon plaisir, et c'est cependant ce que je suis accoutumé à trouver toujours dans ce que je fais pour toi et surtout avec toi ; mais je n'ai pas pris la plume pour plaisanter, le courrier va partir bientôt et je rentre pour te parler de quelques objets pressés.

Tu remettras la lettre ci-jointe à M. Royer dont je t'ai parlé dans ma lettre précédente, c'est celle qu'il m'a demandée à M. Bérenger , et qu'il n'a pas emportée, je suis bien aise que tu la lui remettes, il verra que je ne l'ai pas oublié et désire bien lui témoigner ma reconnaissance de la manière dont il m'a servi. Si par hasard il était déjà parti tu la lui enverrais à Grenoble, en la mettant à la poste tout bonnement, ou plutôt en lui écrivant un mot pour lui annoncer que je te l'avais fait passer espérant qu'il serait encore à Lyon, mais je sens que tu ne seras pas dans le cas de lui écrire qu'autant que tu l'auras reçu ou vu quelques moments au moins, et si cela est comme je l'espère, cette lettre doit le trouver encore à Lyon.

Tu feras copier et mettre au secret la petite note ci-jointe que je n'ai pas le temps de récrire plus lisiblement, et si le préfet n'a pas encore répondu à la lettre du ministre des finances tu lui communiqu(er)ais cette note, c'est une découverte faite de ce matin et qui prouve bien qu'aucune loi ne nous imposant à la contribution foncière on ne peut nous y assujettir et que c'est bien le cas de soumettre au conseil d'État la question à laquelle notre réclamation donne lieu. Presse la réponse du préfet et fais tout ce qui est [en] ton pouvoir pour la connaître et obtenir qu'elle soit favorable. J'espère qu'elle est déjà partie. Je suis maintenant moins découragé parce que je ne continuerai pas à perdre mon temps comme je l'ai perdu depuis que mon affaire a été renvoyée au ministre des finances et comme j'aurais continué à le perdre sans l'appui de M. Royer , communique lui ma petite note, elle lui fera plaisir par l'intérêt qu'il a bien voulu me témoigner ; je suppose quand je te donne cette commission que la présente doit arriver vendredi et que tu auras le plaisir d'avoir ce jour-là ces messieurs à dîner.

Si tu n'as point de nouvelles de M. Daudiffret , envoie Marie , pour savoir de ses nouvelles et tu m'en donneras ; sa femme n'a pas reçu de lettres depuis bien longtemps avant mon arrivée elle est en peine et n'a pas besoin de choses qui s'ajoutent à ses peines ; sur le tout je ne veux pas me mêler de tout cela, ne lui fais dire ni plaisanterie ni reproches mais donne-moi des nouvelles de sa santé pour que je puisse en faire part à Mme Daudiffret , s'il est à Passin, on demandera depuis quand il y est et s'il se portait bien quand il y est allé ; si l'on sait quand il reviendra ; Marie peut y aller le matin de bonne heure, il loge au second étage de la maison Sain à côté de l'hôtel du nord ; on trouvera toujours la dame chez laquelle il loge ou sa domestique.

Demain je t'écrirai encore pour affaire, ce sera pour la note à communiquer aux autres constructeurs de pont, car il ne faut pas renvoyer cela plus longtemps.

M. Allard et ces dames partent demain matin par le cabriolet ils vont séjourner quelques jours à Lyon, tu sauras où ils logent par MM. Vitet , mon intention n'est pas d'avoir de grandes liaisons mais il est convenable de les voir et de leur témoigner que j'ai été sensible à leurs honnêtetés et que je t'en ai souvent parlé. Quant à mon affaire, il la sait bien à peu près, mais avec lui j'ai parlé de l'exemption pendant 20 ans comme la seule chose que je désirais et du reste comme n'en étant pas la cause ; sur le tout, écoute ce qu'il dira s'il t'en parle et n'entre pas dans de grands détails sous cet article ; je ne peux oublier que lui et ainsi que ceux qui sont au conseil de préfecture ont toujours repoussé nos réclamations sur cet objet et que par conséquent ils persistent sûrement à ne pas me croire fondé.

Je t'embrasse de tout mon cœur, mille choses à nos enfants. J'espère bien recevoir une lettre de toi aujourd'hui ; le facteur n'est pas encore venu. Il est une heure et je cours à la poste.


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