Lettre d'Antoine à sa mère Antoinette, 1 avril 1801
Expedié depuis : Paris
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[...] Cette lettre, ma chère maman , m'a fait le plus grand plaisir, j'y retrouve la tendresse de ma bonne mère et c'est pour moi un bien grande satisfaction, croyez que je ne peux vivre heureux lorsque je cesse d'y compter et que mon plus grand désir est toujours de la mériter et que rien n'en arrête l'expression ; être séparé de vous est pour moi un grand chagrin, mais si votre séjour dans une autre ville que celle que j'habite est nécessaire à votre tranquillité, s'il contribue à vous rendre moins malheureuse il faut bien que mon attachement pour vous me fasse prendre mon parti sur cet objet.
Tâchons au moins d'adoucir les peines de notre séparation par une
correspondance amicale, passez-moi le mot car c'est surtout entre mère et enfants qu'on
peut trouver la chose, surtout à l'âge où je suis parvenu ; j'ai éprouvé souvent que le
défaut d'habitude de parler ou d'écrire franchement et sans crainte, à ceux dont on a
dépendu
L'article du journal qui vous a fait croire d'abord, ainsi qu'à plusieurs personnes qui m'en ont parlé ici, que mon affaire était terminée, concerne le petit pont construit sur la Saône à la place du pont volant, Nigret n'est pas le constructeur, mais l'un de ceux qui ont fait les fonds, cette affaire est excellente et la loi qu'ils viennent d'obtenir leur assure pendant cinquante-huit ans un péage qui ne leur avait été concédé que par un simple arrêté du département. Quant à moi je n'ai pas encore fait grand-chose et j'ai bien peur d'échouer auprès du ministre des finances, il ne faut pas cependant que le défaut d'espérance m'empêche d'agir, mais aller au contraire comme si on était sûr du succès ; M. Mayeuvre vient d'arriver à Paris, nous nous sommes déjà vus plusieurs fois, il me parle souvent de vous [...]