Lettre d'Antoine à son épouse Magdeleine, 29 mars 1801
Expedié depuis : Paris
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Pour le coup, ma bonne amie , je ne pourrai t'écrire qu'un mot et seulement pour que tu ne sois pas en peine de mon silence ; hier soir j'ai fait le libertin et ai resté jusqu'à une heure avec M. Chateaubourg chez Mad. Récamier l'aîné (sic) où nous avons dîné et où on dansait ensuite je n'ai donc pu t'écrire comme je le voulais hier et suis obligé de sortir au moment pour engrainer comme il faut une affaire près le ministre des finances, je t'assure que j'ai bien peur car je cause de mon affaire avec tout le monde et si je trouve des gens qui m'encouragent il en est aussi qui n'en augurent pas trop bien, au reste je n'aurai pas de regrets parce qu'il ne m'était pas possible de la suivre autrement que de la manière dont elle m'était indiquée. L'avis du conseiller d'État Cretet c'est-à-dire celui du ministre de l'intérieur est favorable, c'est toujours un pas de fait et ce n'est point une raison de désespérer du succès auprès du ministre des finances.
Tu es peut-être à Machy car j'imagine que recevant les graines tu auras peut-être avancé ton voyage, je suis bien aise que James en soit et suis bien d'avis de lui accorder quelques jours de repos pour fortifier sa santé et l'encourager à travailler toujours de plus en plus, il a bien à faire pour ne pas se trouver ensuite reculé lorsqu'il viendra dans ce pays-ci car il faut convenir que jamais les jeunes gens n'ont été aussi instruits ni d'aussi bonne heure qu'à présent. [...]
[...] Si par hasard le préfet m'adressait ma nomination, tu la décachetterais et pourrais l'aller voir ; lui dire (ce qu'il sait bien) que je n'y suis pas, que tu vas m'instruire de cette nomination et que tu es reconnaissante comme je le serai sûrement de cette nouvelle preuve de l'intérêt qu'il prend à ce qui me regarde.
Je suis désolé ma chère amie de ne pouvoir prolonger mon plaisir, il est si doux de le pouvoir et j'y trouve tant de charmes quand j'ai le bonheur de croire qu'en doublant mes jouissances j'ajoute un peu à celle de ma tendre amie .