Lettre d'Antoine à son épouse Magdeleine, 22 février 1801

Expéditeur : Antoine Morand
Expedié depuis : Paris

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Transcription

Pas d'adresse sur cette lettre recto verso.
Paris, le 3 ventôse au onze heures du soir pour partir le 4.

Ta lettre du 28 pluviôse, ma bien bonne amie , m'a été rendue aujourd'hui. Il y en avait une de Tournillon par le même courrier et datée du 29 d'où il résulte que la tienne n'est partie que le lendemain.

J'ai été bien aise au reste que ta lettre n'ait pas été terminée avant la réception de celle que je t'écrivis de Lyci le soir ; car tu me grondais pas mal et comme je ne l'avais pas mérité j'en étais triste. Ma dure amie ta colère au commencement de ta lettre et les choses aimables qui la terminent ne peuvent que m'être bien agréables. Elles prouvent que ton attachement pour moi est toujours le même et quoique je n'en aie jamais douté, les assurances nouvelles que tu m'en donnes ont toujours des charmes pour moi.

Je ne t'écris qu'un mot ma tendre amie , parce qu'il faut sortir demain à huit heures, faire ma barbe, m'habiller sans bonne, et que tout cela me prendra bien du temps et m'obligera de me lever de bonne heure.

Si tu vois Tournillon dis-lui que je reçois sa lettre à l'instant et que je ne manquerai pas de lui répondre incessamment, il me paraît qu'il accepterait s'il était avec moi et je crois bien que je ferais de même si je l'étais avec lui ; au reste j'ai bien peur que s'il y a de ces tribunaux à Lyon, les nominations ne soient encore faites bien singulièrement.

Tu remettras toi-même cette lettre à M. Rambaud en allant voir madame , elle a désiré de te voir, tu lui parleras des gruaux que je t'enverrai avec des graines. Si je n'ai pas d'occasion plus prochaine, enfin sur le tout il ne paraîtra pas bien singulier que j'aie désiré que ce billet lui fût remis sûrement, tu ne paraîtras pas instruite de ce qu'il contient et ne parleras pas s'il ne t'en dit sinon il importe que cela soit bien secret, ce n'est pas cependant que je ne sois persuadé qu'il soit très possible que Rambaud ou Servant fut placé sans que pour cela je fusse évincé ; tout tient au deuxième consul et à Chapet quand j'aurai vu ce dernier je t'en ferai part, Mlle Do me prépare les voies. N'oublie pas de cacheter le billet et de faire sécher le pain à cacheter avant la remise du billet.

Je vais demain avec M. de Chateaubourg chez M. Cretet conseiller d'état ; tu me parles de deux à Lyon, j'imagine cependant que c'est M. Major qui revient à Paris, tu me le diras toujours en réponse quoique vraisemblablement je serai instruit ici de son retour. Je n'irai chez le ministre de l'intérieur qu'après ma conférence de demain ; M. Fulchiron m'y présentera j'ai été très accueilli par le mari et la femme.

Je ne sais si notre ami est une bien bonne corde auprès du préfet pour ce que je désire, on ne peut rien ici sur cet objet sans lui ; si tu pouvais voir Jaumes , tu pourrais lui en parler franchement, il nous aime assez et tu sais combien j'ai été fâché de ne pas l'avoir trouvé chez lui le jour de la décade veille de mon départ et que je t'ai bien chargée de lui donner mon adresse pour qu'il me donnât ses commissions dans cette ville. Perron m'a dit qu'il écrit un mot à sa sœur qui en parlera à Jaumes , au reste si tu peux lui parler sans te compromettre en allant chez lui tu sauras bien vite si je dois ou non y croire car il est assez franc ; Mayeuvre avait été proposé par le préfet et à cause de son 1er refus il a été mis de côté.


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