Lettre d'Antoinette à son fils Antoine, 7 décembre 1800
Expedié depuis : Grenoble
Facsimilés
Si le zoom ne fonctionne pas sur votre navigateur : cliquer sur l'imageTranscription
J'ai d'abord été étonnée, mon cher fils , de la nouvelle pétition que vous désirez que je fasse, dans la crainte qu'elle ne soit comme les anciennes sans succès. Cependant vue la bonne composition du conseil municipal, dont vous faites [êtes] membre, les amis que vous pouvez y avoir doivent être empressés de vous servir, s'ils sont justes et humains ; je me ferai un plaisir de la présenter pour venir en secours de vos charges. Et écrirai volontiers à M. Mayeuvre qui m'a répondu une lettre pleine de confiance et d'amitié à celle que je lui écrivis lors du mariage de sa fille. J'eusse bien désiré que vous m'en eussiez fait la copie, méritant bien peu l'éloge que vous faites de mon style. L'écolier par ses dispositions naturelles joint à l'étude d'un esprit cultivé a laissé bien en arrière son maître qui le prendrait depuis longtemps pour modèle s'il pouvait y atteindre. Chaque jour mes facultés intellectuelles diminuent et je sens de toute façon les traces du chagrin.
Je suis parfaitement contente de la pétition. Je n'ai pu cependant la copier de suite. Parce que l'article principal où vous fondez ma demande n'existe pas, celui où vous dites que la pension fut payée pour lui tenir lieu d'un capital de quinze mille livres. Votre père en a reçu dans le temps douze avec trois mille livres que lui retint M. Huchat , mais il n'en fit pas moins la quittance de quinze, à ce qu'il m'a toujours dit il avait touché cette somme avant notre mariage. Je crois donc que lorsque vous changerez cet article, il ne faut plus parler de la somme de quinze mille livres, mais insister sur le défaut de paiement des appointements de mille livres qui, renvoyé à la charge de la directrice des spectacles, a cessé de payer en 1775 alléguant le loyer qu'elle payait à la ville qui depuis cette époque a bénéficié de la somme due à votre infortuné père en faisant valoir la phrase (si vous le croyez convenable) où il est dit dans la délibération tant pour reconnaître les peines et soins des ouvrages qu'il a faits exécuter que etc.
Quant à celle où il est dit que ce sera tant qu'il plaira au consulat, lorsque votre père me fit lire la dite délibération qu'il croyait ne pouvoir jamais péricliter, je lui objectai mes craintes à cet égard. Il me répondit que M. Soufflot [en marge : « qui avait dirigé la ville dans le paiement »] l'avait assuré que cette dernière phrase était de style, et avait ainsi que beaucoup d'autres abusé de son inexpérience et de son désintéressement. Il faudra de même je pense supprimer dans le premier article de la pétition qu'en 1757 [1775] au lieu de recevoir le paiement de ce qui lui était dû pour la direction de ses ouvrages et pour le remboursement d'avances faites, le consulat etc.
Je crois donc qu'il ne faut se fonder sur la justice de notre réclamation que sur le défaut de la ville d'avoir refusé de payer les appointements depuis 1775, temps auquel elle commença de recevoir un loyer de la salle, ce qui jusqu'alors n'avait jamais existé.
L'article trouvé dans le cahier de l'année 1784 m'a d'abord embarrassée mais je puis l'avoir oublié, ou plutôt ne le pas considérer vu son peu de valeur et combien il était dérisoire comparé aux indemnités dues à votre pauvre père. L'article où vous ferez valoir cette suppression de pension peut être écouté de gens impartiaux et justes. Tous ceux qui suivent, relatifs aux événements funestes de la Révolution, doivent l'être par des âmes sensibles. Vous les avez faits, avec vérité, délicatesse et honorables à la mémoire de votre infortuné père. Surtout si l'on considère qu'en donnant une consolation à sa malheureuse veuve, qu'elle doit être de peu de durée. Vu sa carrière déjà avancée et sa santé affaiblie par le chagrin. Ce que vous avez fait apercevoir.
Il ne faudrait peut-être pas dans l'article des petites boutiques
exprimer la rente de quatorze mille cents livres qu'elles rendaient dernièrement valeur
réelle ou du moins dire que ce n'avait été que progressivement, et que dans le principe
elle était d'une pe
Je pense que vous me renverrez par le courrier qui sui
Recevez mille amitiés de la part de Besson qui m'est venu voir hier soir, il est arrivé avec votre sœur que je n'ai point encore vue à cause de ses affaires, et avec ses enfants, tous en bonne santé. Je suis fort empressée de recevoir des nouvelles de celle de ma chère Albine , j'espère beaucoup de l'effet des vésicatoires, mille tendres embrassements à votre femme , aux enfants, même commission de la part de ma sœur et aimez-moi comme je vous aime. J'ai eu le chagrin de perdre hier Mme Devaries je suis occupée à consoler la chanoinesse sa fille. Envoyez-moi ce que vous me devez, en ayant le plus grand besoin.