Lettre d'Antoinette à son fils Antoine, 19 octobre 1800

Expéditeur : Antoinette Morand
Expedié depuis : Grenoble

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Transcription

Au citoyen Morand Jouffrey rue Saint-Dominique n°66, à Lyon.
Grenoble, 27 vend. An 9 [19 octobre 1800]

Je suis arrivée mon cher fils il y a trois jours de la campagne en meilleure santé, j'ai réussi à prendre le lait d'ânesse mais pas aussi longtemps qu'il m'eut été nécessaire. Votre sœur que j'ai laissée en bonne santé ainsi que tout ce qui lui appartient, à la sourdité (sic) près d'Auguste , est allée à Fontaine faire ses lessives. Même soin va aussi m'occuper. J'ai envoyé par le courrier d'hier à Mlle Gérard une lettre de change de trois cents livres tirés sur vous. Je vous prie de la faire acquitter le plus tôt possible. Il y a longtemps qu'elle désirait toucher cette somme mais celui qui devait la recevoir n'en avait pas le montant. C'est à ma prière qu'il l'a complétée. Ce qui m'a fait double plaisir. J'en avais moi-même le plus grand besoin. Devant et ayant à acheter des choses nécessaires. Je vous en avais prévenu par ma dernière lettre. Et je vous prie d'être exact pour le surplus de ce que vous me devez, car ce n'est pas avec cette somme que je puis payer ce que je dois.

Madame de Rolin a été dangereusement malade pendant mon séjour à la campagne. J'ai envoyé savoir de ses nouvelles, elle est mieux. Quant au physique. Mais le moral est encore un peu affaibli. On croit que c'est un venin rentré qui a porté sur les nerfs. Son mari lui a prodigué les soins les plus attentifs. J'ignore quand il partira. J'irai m'en instruire, toute la ville a pris part à la maladie de cette aimable et vertueuse femme. J'ai été fâchée aussi du contretemps qui vous a privé du plaisir de voir M. de Rolin .

Le pauvre Berlier vient de perdre aussi sa femme après trois jours de couche qui avait été très heureuse. Elle avait fait un fils qui les comblait tous de joie. Lorsqu'une fièvre dit-on purpurale causée par une abondance d'humeur l'a impitoyablement enlevée, au désespoir de toute sa famille dont elle était chérie comme elle méritait de l'être. Que je plains sa malheureuse mère, qui n'avait qu'elle, et lui avait fait tous les sacrifices. L'on m'a dit hier que l'enfant était mort.

Adieu mon fils , je n'ai que le temps de vous prier d'embrasser pour moi votre femme , mes chers petits enfants et de vous assurer de toute la tendresse de votre bonne mère Levet Morand .


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