Lettre d’Antoinette à son fils Antoine, 8 août 1799
Expedié depuis : Grenoble
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J'ai reçu mon cher
fils
la lettre que vous m'avez écrite par Hector notre parent ; je l'ai dormais
(sic) à dîner à notre petit couvert pour parler de tout à mon aise de vous et de ma
chère Albine
. Il m'a dit que cette
dernière était charmante, fort grandie, que votre embonpoint allait en croissant mais
que votre santé était très bonne, il m'a dit que Lyon jouissait de la plus grande
tranquillité. Nous n'avons point eu de choc d'opinion, n'ayant parlé des affaires
Je vois avec plaisir mon cher fils que vous avez toujours le projet de me venir voir à la fin de thermidor. Vous aurez celui de voir votre sœur et votre beau-frère. Mais il sera troublé par la maladie de ma fille, nous sommes tous arrivés de Fontaine mardi dernier où elle a pris la fièvre tierce c'est aujourd'hui le cinquième accès. Ils sont de dix heures et plus, accompagnés de spasmes d'un violent mal de tête, son état est très fatigant et douloureux. Je souffre de la voir souffrir. J'espère que vous la trouverez rétablie, elle ne pourra suivre son projet pour les eaux et elle n'ira voir son oncle ; si elle peut y aller qu'après son parfait rétablissement j'espère toujours le plaisir de voir mon bon petit James . Je plains bien votre femme je connais par expérience le mal que cause une violente fluxion. Il n'y en a pas de plus triste et de plus pénible. Faites lui je vous prie de ma part les plus tendres compliments.
J'ai reçu mon cher fils par M. Tavernier qui est chez M. Desgranges (en son absence) une lettre de change de six cents francs (que vous aviez remis) sur un nommé Grival lié d'affaires avec M. Prié. Elle n'a pas été acquittée elle était payable le 20. Je l'ai fait protester hier vingt et un quoique l'on ait dit qu'elle serait acquittée le 25. Cette compagnie étant regardée dans ce pays cy comme mauvaise et ne pouvant satisfaire à leurs engagements, ne voulant pas que cette promesse périclite dans mes mains par ma faute, et y ayant vu la signature de notre parent M. Gensoul , qui aura son recours contre ceux qui la lui ont endossée, aussi tôt cette lettre reçu voyez M. Tavernier . Je le prie lorsqu'il aura reçu cette somme de vous la remettre, pour que vous me l'emportiez avec le surplus de ce que vous me devez. Et de la garder si vous n'arriviez pas en m'en donnant avis pour que je lui envoie du papier sur Lyon ce qui me sera facile.
Recevez les compliments de tout ce qui vous appartient et faites en de ma part et de la leur à tout ce qui vous est dû. Je vous attends, et vous désire avec l'empressement que peut dicter le cœur sensible de la plus tendre des mères hélas ! qui mieux que vous peut le connaître. Le retour eut fait son bonheur. Je suis tout à vous mon cher fils pour le temps de ma vie. Votre affectionnée mère levet Morand .
Je ne vous parle pas de la détresse ou me met le défaut de paiement. Je prierai votre beau-frère de me prêter 4 à 5 louis pour ma dépense journalière, le peu de ressource que j'ai dans ce pays ci sont épuisé. Et je ne puis retourner demander à ceux que j'avais promis de rembourser.
Dites je vous prie à M. Tavernier de demander les six livres qu'il m'en coûte pour l'enregistrement et le protais de la lettre de change.