Lettre d'Antoinette à son fils Antoine, 9 janvier 1799
Expedié depuis : Grenoble
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Vous recevrez, mon cher fils , par la voie de Champon voiturier une caisse à votre adresse contenant du ratafiat et un gros fromage de Sassenage que j'ai choisi comme le croyant bon. J'ai devancé votre fête voulant arriver avant votre départ pour Villefranche. Toutes les parties de ce bouquet ne sont pas odoriférantes mais elles sont de votre goût. Je redoute d'ailleurs l'approche de cette fête que nous célébrions tous ensemble, avec l'auteur infortuné de vos jours qui faisait notre commun bonheur et où me sont arrivées les époques de ma vie les plus heureuses, et les plus fatales, cette fête que vous chantiez par les expressions des sentiments les plus filials (sic) et les plus tendres, qui faisait le charme de ma vie, et couler les larmes les plus délicieuses. Votre lettre du jour de l'an celle de ma chère Albine m'en ont bien fait répandre, elles m'ont navré le cœur. Vous me dites mon cher fils qu'il ne m'était rien arrivé dans les derniers temps de fâcheux ; avez-vous oublié, tout ce que vous m'avez dit avec tant de véhémence ; jetons, mon fils , un voile sur le passé. Adoucissons notre séparation par une correspondance suivie, et de fréquentes visites autant que nous le pourrons. Vous êtes jeune et avec toutes les facilités pour me procurer le plaisir de vous voir. Je vous prie mon fils avec instance de ne me rien envoyer pour ma fête. Vous êtes gêné dans ce moment. Je vous saurai plus de gré du sacrifice que vous me ferez de ne pas satisfaire votre empressement à cet égard que si vous le faisiez. J'attends avec empressement la lettre que vous m'annoncez. Je n'ai dans ce moment que celui de vous renouveler l'expression de la tendresse de votre bonne mère. Levet Morand .