Lettre d’Antoine à sa mère Antoinette, 18 juillet 1798

Expéditeur : Antoine Morand
Expedié depuis : Lyon

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Transcription

A la citoyenne Morand la Mère, recommandée au citoyen Berard place aux herbes.
Lyon, le 30 messidor an six. [18 juillet 1798]

J'ai reçu tout à la fois, ma chère maman , vos deux lettres l'une du 26 l'autre du 28 messidor, je les ai par conséquent lues de suite, hier en revenant du palais, et ne veux pas m'éloigner davantage de vous sans vous donner de mes nouvelles. Je vais avec ma femme passer deux jours seulement, à Machy, James et Albine resteront avec leur bonne, car quand nos affaires nous obligent de les quitter ils n'ont plus personne à Lyon qui puisse prendre à eux un véritable intérêt et dont la tendresse les conseils et l'expérience puissent leur être de quelque utilité.

Ma paresse ou pour parler plus honnêtement mon goût pour la tranquillité, font que mon appartement est à peu près dans le même état où il était deux jours après avoir fait mon déménagement, j'ai toujours aimé l'air simple et retiré de cette maison, aussi je ne regrette point mon appartement précédent, quoique tous les gens qui me connaissent et viennent me voir, trouvent un bien grand changement dans ma manière d'être logé. Économie est ma réponse à tout ; c'est la chose dont j'ai le plus besoin et celle qui sied le moins à mon goût.

James nous retient à Lyon ; dans ce moment, on ne veut prendre de pensionnaire nulle part par la crainte d'être obligés de se séparer par l'obligation de se conformer strictement à la loi ; on m'a fait la même réponse et en Vaise et à Saint-Just, il faut espérer qu'on leur laissera un peu de tranquillité et surtout de liberté et que je pourrai me débarrasser de mon fils dont sans cela je ne saurai que faire ; il prend des bains dans cet instant et il a dans ce moment une petit humeur à la joue qui tient toujours à cette humeur de rache qui le tourmente.

J'apprends avec plaisir que ma sœur a fait un bon voyage et est contente du pays, je n'en connais que les mauvais chemins, parce que dans cette mauvaise saison, arrivé très tard et parti de grand matin, je n'ai pas trop pu juger du pays. Au reste je n'oublierai jamais ce site et encore moins ce que j'éprouvais alors ; bien persuadé en ce moment que je me séparais pour toujours de ma famille, et croyant que ma sœur était sûrement chez son oncle je voulais lui faire un adieu que je pouvais bien regarder comme le dernier ; au reste dans cet instant terrible j'étais bien moins malheureux que je ne l'ai été depuis ; je ne pouvais prévoir mes plus grandes pertes et n'avais pas la moindre crainte pendant ce voyage sur la personne dont le sort affreux fait souvent couler mes larmes mais excite plus souvent chez moi les mouvements violents qui tiennent à mon caractère et contribuent à me rendre malheureux. [...]

Évoque « guerre » aux Brotteaux, 14 juillet 26 messidor, qui a fait baisser les recettes du pont car forçage du passage pendant un quart d'heure.


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