Antoine Morand prépare son déménagement.

[...] Quoique votre voyage, chère maman, n'ait jamais été de mon goût, j'ai cependant appris avec plaisir que vous l'aviez fait lestement et heureusement. [...] j'espère que vous ne craindrez point d'en faire un en sens contraire cet automne, c'est maintenant la seule espérance qui me reste et je conviens que je ne peux m'accoutumer à l'idée de notre séparation ; en me plaçant dans l'appartement de mon infortuné père, en ne vous voyant plus auprès de moi il me semble que j'ai le malheur de survivre à tous deux et tout ce que je vois dans les arrangements dont je suis occupé dans cet instant ne me rappellent que des souvenirs déchirants ; je souhaite, ma chère maman, je souhaite du fond du cœur que le parti que vous avez pris puisse contribuer à votre tranquillité, il m'a fait et me fera trop de mal pour que vous ne regrettiez pas de vous y être décidée, si vous n'en éprouvez pas tout le soulagement que vous en attendez !

Je suis au milieu des livres et enveloppé de poussière, j'ai eu de la peine à trouver du papier, une plume et de l'encre, je ne peux donc que répondre avec précipitation à la lettre que j'ai reçue de vous. [...]