Lettre d'Antoinette à son fils Antoine, 17 novembre 1794

Expéditeur : Antoinette Morand
Expedié depuis : Machy

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Transcription

Au citoyen Morand dans sa maison de Machy commune de Chasselay.
Le 27 brumaire l'an 3 de l'ère républicaine

Où l'on apprend qu'Antoine est revenu à Machy; et qu'Antoinette ne veut pas se rendre à son invitation.

Malgré mon fils la douleur qui m'accable je sens la joie que me procure ton heureuse arrivée. Celle que tu dois avoir d'embrasser ta femme et mes chers petits-enfants. Il me semble que je vois mon aimable Albine, mon bon petit James tous les deux sur tes genoux te caresser à l'envi l'un de l'autre et toi les serrer dans tes bras. Soyez tous heureux mes chers enfants quant à moi je suis malheureuse pour ma vie puisque je ne verrai plus celui qui seul pouvait faire mon bonheur. Quelle différence !

Quant à la proposition que tu me fais d'aller à Machy, il m'est impossible d'y satisfaire. Tes affaires sont finies, les miennes ou encore les tiennent commencent. J'en ai de majeures qui nécessitent ma présence. Et celle de ma chère compagne qui m'aide me console et soigne ma santé, c'est mon ange tutélaire sans elle j'aurais succombé. La saison est aussi trop froide pour qu'elle me permette d'aller à la campagne ; je ne suis pas malade, mais je ne me porte pas bien ; j'ai toujours un froid qui me glace. Je crois qu'il tient à l'état de chagrin dans lequel j'existe.

Lorsque tu auras vu tout à ton aise ta femme et tes enfants, tu viendras embrasser ta malheureuse mère. Ta présence adoucira ses chagrins. Le seul plaisir qu'elle puisse sentir c'est celui de la vue de ses enfants. Tu le lui procureras quand tu voudras.

J'embrasse ta femme, tes enfants, ma chère compagne qui se réjouit de ton arrivée en fait autant. Notre bon parent te fait mille amitiés. Et ta bonne mère t'assure de sa tendresse.


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