Lettre d'Antoine à son épouse Magdeleine, 25 mars 1812
Expedié depuis : Lyon
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J'imagine bien, ma bonne amie , que tu me dis la vérité sur sa position et je crois d'ailleurs te connaître assez pour pouvoir juger d'ici d'après tes lettres et malgré toi, si tu avais quelque inquiétude sur la santé de cette chère Léo .
Mais enfin voilà une contrariété, je ne me flattais pas que tu pusses partir aujourd'hui de Grenoble, mais je ne voyais pas qu'il y eut une bien grande inconvenance à voyager cette semaine quand c'était pour se réunir en famille aux fêtes de Pâques et je comptais bien que nous les passerions ensemble. Il m'en coûte bien de renoncer à cette espérance d'autant plus que nous continuerons à être séparés puisqu'il est de toute impossibilité que je ne passe pas la semaine prochaine à Machy; tout cela a bien besoin d'être suivi, il faut y porter de l'argent et payer tous les travailleurs de cet hiver ; mes vignes et même le petit plantier sont dans un état épouvantable, il est impossible d'avoir été plus trompé que nous ne l'avons été par M. Claude. Nous payerons cher l'économie qui résultait de cette manière de faire, qui serait sans doute la plus convenable cependant, si l'on trouvait des gens braves et bons travailleurs, mais où les prendre.
Le nouvel appel d'hommes, le haut prix du blé qui est de 15 frs le bichet et qu'on craint de voir s'élever encore inspirent partout et surtout à la campagne une bien grande inquiétude et beaucoup de découragement ; c'est un moment de crise dont le génie et les immenses ressources du chef de l'état nous feront sortir triomphants (amen).
M. l'archevêque est arrivé hier, nous allons lui faire visite ce matin.
[...] Cette liaison nouvelle pourrait-elle te fournir les moyens de lier quelque affaire pour ol . Je crois qu'elle te mettra seulement dans le cas de juger (ce dont nous nous doutons depuis longtemps) que ce ménage tout en lui faisant beaucoup d'amitié ne voudrait pas que la chose eut lieu.
D'après l'opinion que le chev. de la
M
. a de la fortune du Père je crois qu'il n'y est pas disposé non plus. Tu
pourrais parler à Mme Duboys
de M. Giroud
Il faut qu'elle rencontre M. Angles pour lui parler de ol . Et de son père, « il est peut-être le seul qui pourrait le forcer à s'expliquer. »
« Quant à moi j'ai oublié de te dire que je ne veux plus parler de ma santé. Parler de soi et pour se plaindre cela est ennuyeux pour les autres, au reste j'en peux parler à présent car elle est bonne il n'y a que la tête qui ne vaut pas grand-chose surtout quand elle est séparée de sa meilleure moitié. J'ai bien besoin d'être avec toi et de vivre tranquille c'est là toute mon ambition pour ce qui me regarde mais je tiens encore plus comme toi à celle d'assurer autant qu'il est possible aux faibles et aveugles mortels, le bonheur de nos enfants notre soin à tous les deux sera de faire marcher de front ces deux ambitions autant que cela se pourra.
Bien des choses pour moi à Marie et à Babou .
J'embrasse la mère et la fille. J'ai cessé d'écrire un instant pour déjeuner Honoré a reçu ta lettre et me l'a donnée à lire, je ne sais trop ce qu'il fera mais il paraît qu'il ne partira pour aller se fixer à Curis qu'après la quinzaine de Pâques. Il paraît que Léo n'échappera pas à la médecine, encore s'il n'y en avait qu'une. M. Chippier a signé le bail et l'a renvoyé, rien autre de nouveau sur la maison de Bellecour.