Lettre d'Antoine à son épouse Magdeleine, 18 mars 1812

Expéditeur : Antoine Morand
Expedié depuis : Lyon

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Transcription

A Madame Morand de Jouffrey, rue Brocherie, hôtel Decroy, à Grenoble
Lyon, le mercredi 18 mars 1812 à dix heures et un quart

Nous arrivons ma chère amie , en bonne santé et sans le moindre accident ; mais les chemins depuis Bourgoin sont très mauvais, nous avons perdu une heure hier à Champier pour attendre la voiture de Lyon et le souper de manière que nous ne sommes arrivés qu'à dix heures. Jean et la voiture attendaient depuis sept heures.

Honoré se porte mieux et a encore une médecine à prendre, je le trouve bien un peu jaune et il paraît qu'il a été assez fatigué.

Azélie qui vient de se lever, m'a paru bien gaie et caressante comme à son ordinaire, elle m'a bien demandé des nouvelles de la tatan Léo et de la grand-maman, elle ne veut pas qu'elles restent à Grenoble.

Je vais prendre certain remède de précaution dont j'ai grand besoin, manger une soupe et me mettre au lit. Embrasse Léo bien fort, nous voilà donc encore séparés. Nous menons en vérité une vie bien active et qui n'est pas du tout de mon goût, mais enfin nous vivons et ceux qui nous seront chers et qui ont cessé d'exister, répandent par de cruels souvenirs et de pénibles réflexions bien des idées sombres qui troublent notre existence.

Je t'embrasse de tout mon cœur Azélie qui est à côté de moi en fait autant à la maman et à la tatan Léo . Mille choses de ma part à mon beau-frère , à mes nièces, n'oublie pas de m'excuser auprès des dames que je n'ai pas eu l'honneur de voir avant mon départ et surtout auprès de Mad. de Meffray et de Mad. Dartha . Ton intention est bien de voir Mesd (sic) de Bailli et du Bonchage , je voudrais bien que Léo vît quelques fois Mlle de Saint Vincent . Encore une fois je t'embrasse et te plains bien de tout ce que tu as à faire. Dix mille choses pour moi à Marie et à la Babou , je n'ai pas eu la force de leur faire des adieux je leur sais le plus grand gré de la manière dont elles ont servi ma bonne mère et j'en conserverai toujours de la reconnaissance. Adieu, James va vous souhaiter aussi le bonjour.

Écriture différente à partir d'ici :

Mon papa m'appelle pour continuer la conversation mais il me paraît qu'il a déjà épuisé tous les sujets qui pourraient t'intéresser je me bornerai à t'embrasser ainsi que Léo pour moi et pour Azélie qui a paru éprouver un grand plaisir en nous voyant et qui attend votre retour avec impatience.

Je ne puis pas aller à l'audience je suis arrivé trop tard ; pour m'en consoler je vais déjeuner et me coucher.


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