Lettre d'Antoine à son épouse Magdeleine, 21 novembre 1807

Expéditeur : Antoine Morand
Expedié depuis : Machi

Facsimilés

Si le zoom ne fonctionne pas sur votre navigateur : cliquer sur l'image
Archives municipales de Lyon, fonds Morand, FRAC069123_14II_035_3_190_1.jpg
Archives municipales de Lyon, fonds Morand, FRAC069123_14II_035_3_190_2.jpg

Transcription

A Madame Morand de Jouffrey chez madame Morand rue Brocherie à Grenoble
Machi, le samedi 21 9bre à 2 heures

Cette lettre porte le cachet noir. Morand attend toujours le retour de Magdeleine.

J'espérais avoir de tes nouvelles aujourd'hui ma bonne amie mais il est déjà tard pour espérer de voir arriver un facteur. Olimpe a eu l'attention de m'écrire, je l'en remercie bien d'autant plus qu'elle a à se plaindre de mon silence mais je suis si paresseux qu'elle m'excusera. J'aime mieux l'aller voir que lui écrire et j'espère aussi qu'elle préférera. [...]

Je n'ai fait qu'une bien petite partie de ce que j'ai à faire et si j'étais libre je resterais volontiers quinze jours encore dans ma solitude ; au reste, elle n'est pas bien exacte puisque Honoré me tient bonne et fidèle compagnie. Hier nous allâmes avec Léo et lui dîner à Curis et faire nos adieux à Azélie qui se porte bien et annonce vraiment beaucoup d'intelligence ; elle parlera tard mais paraît penser et penser juste de bien bonne heure. [...]

Rappelle-moi ma bonne amie au souvenir de Madame Teissère, j'ai bien partagé sa douleur, c'est bien par discrétion que je ne le lui ai pas témoigné par et alors j'étais loin de croire que j'étais destiné à éprouver un semblable malheur. Je ne suis pas assez parfait pour désirer que tu le deviennes trop mais je crois bien que la religion seule peut donner des forces surnaturelles pour supporter des peines aussi cruelles, et je ne doute pas que la résignation et les sentiments pieux de Madame Theisseire ne te soient d'un grand secours.

Pour moi, ma bonne amie , je m'occupe beaucoup pendant le jour et parvient à m'étourdir, les nuits seulement me paraissent bien longues malgré ton absence, je ne peux reprendre l'habitude du sommeil et j'ai de moins la consolation de t'avoir près de moi. Il serait bien cruel ma tendre amie que nous ne parvinssions pas à nous entendre dans le malheur commun. Nous nous sommes entendus dans la car jamais nous n'avons plus besoin de nous entraider mutuellement.

Léo a toujours un peu de rhume, mais se porte et mange bien je trouve seulement qu'elle ne dort pas assez ou du moins qu'elle a un sommeil un peu agité ; il est bien possible qu'elle prenne sur elle avec nous et qu'elle s'affecte ensuite quand elle est seule. Cependant elle a de la gaieté naturelle et je t'assure que sans elle je serais bien à plaindre.

Nous irons coucher lundi soir à Lyon parce que la rentrée réelle se fait le mardi 24. Je t'écrirai aussitôt que je saurai quelle pourra être ma marche, mais je crains de t'aller chercher trop tôt pour toi et ceux qui sont bien aise de te posséder. Mille choses tendres de ma part à maman et à tous les nôtres. J'embrasse James et compte bien que maintenant on adressera les lettres à Lyon. Léo , Honoré et et le papa t'embrassent bien fort comme ils t'aiment


Licence

Creative Commons License