Lettre d'Antoine à son épouse Magdeleine, 13 avril 1807

Expéditeur : Antoine Morand
Expedié depuis : Paris

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Transcription

A Madame Morand de Jouffrey, Rue Saint-Dominique, à Lyon.
Paris, le lundi à 8h du matin

J'ai passé la nuit ma chère amie et suis venu depuis Cosne sans me coucher, il n'en résulte qu'un peu d'échauffement et de fatigue et pour y remédier promptement, je vais me coucher et dormir quelques heures.

Je me retrouve dans un hôtel que j'aime beaucoup parce que je connais la pureté dont on y jouit et que je prise l'honnêteté des maîtres et des domestiques, on m'a casé pour quelques jours dans une petite chambre et on me donnera ensuite un appartement plus convenable. Ce petit déménagement m'ennuiera parce qu'il retardera l'arrangement de mes affaires et surtout de mes papiers. Au reste jusqu'à ce que tu m'en envoyes qui sont les plus importants je veux me reposer un peu et m'occuper seulement de réparer et de bien connaître la marche que je dois suivre pour espérer quelque succès.

Hier soir à Fontainebleau j'ai trouvé à souper M. Duparc , qu'on disait à Lyon être à la campagne, comme je ne sais pas s'il veut ou non faire un secret de son voyage tu n'en parleras qu'avec lui, il m'a promis de te voir pour te donner de mes nouvelles et de hâter certaine affaire si à son arrivée elle n'était pas terminée. Il doit coucher ce soir à Cosne, mardi à Moulins mercredi à Roanne et arriver jeudi à Lyon sur les 4 heures du soir. Ma lettre te parviendra le même jour et si rien n'est encore fait je ne doute pas qu'il ne soit très disposé à la faire terminer. Nous avons causé quelques instants et je l'ai quitté en lui disant que je regardais sa rencontre comme d'un augure très favorable pour moi. Il ne voit pas pourquoi le conseil municipal serait consulté, mais enfin peut-être tout sera terminé quand il arrivera et je serai bien aise que tu n'eusses qu'à le remercier de sa bonne entente et lui rendre compte de ce qui s'est passé. Je ne doute pas qu'il n'aille te voir le lendemain de son arrivée. Je ne sais pas où il loge mais tu le sauras facilement en le faisant demander dans son bureau ou à M. Olivier .

Je n'ai pas rencontré Pornon mais je ne doute pas qu'il ne soit à Lyon et si tu as appris son arrivée tu auras bien eu l'idée de t'adresser à lui pour presser le préfet et le maire.

J'imagine que lorsque tu auras des papiers à m'envoyer tu t'adresseras à M. Victoire pour le faire de la manière la plus sûre sans recourir à la plus économique peut-être serait celle d'en faire un paquet chargé intitulé « papiers d'affaires » ; M. Victor au reste te dira ce qu'il convient de faire rappelle-moi à son souvenir.

Embrasse bien tendrement de ma part mes trois filles, donne de mes nouvelles à James et à maman, ce dernier article me paraît cependant inutile parce que je compte écrire demain à ma mère. Je t'embrasse et t'aime de tout mon cœur mais ne suis pas plus content jusqu'à présent, que je ne l'étais au moment de mon départ, de me trouver obligé de te quitter. Mille choses de ma part à M. et Mad. de la Rome à M. et Mad. de Chateauvieux , à M. Henry et embrasse pour moi Honoré et sa femme dont j'attends des nouvelles avec impatience.

Le temps a été superbe jusqu'à cette nuit où il est tombé une pluie douce et qui continue, mais c'est bien là un beau temps. Engage Albine à se promener le plutôt qu'elle pourra et à pied jusqu'à certaine autre époque. Je t'embrasse encore une fois, tu vois que je ne compte pas avec toi. Je ne sais si je t'ai dit que mad. Thoriu , ses deux filles et M. Soulet étaient dans une voiture qui a suivi pendant longtemps la même marche que elle doit arriver aussi aujourd'hui et nous avons toutes les fois que nous avons pu nous retrouver.

Je ne t'ai pas parlé du petit Vincent, il était dans le cabriolet mais nous déjeunâmes ensemble, nous montâmes à pied la montée de Tarare, et nous embrassâmes à Roanne, il est plein d'esprit, de gentillesse et d'une gaieté franche qui fait grand plaisir chez un enfant de cet âge. Je verrai M. son frère à Paris ; si tu as occasion de voir le père, M. Pabldaudet ou tout autre de sa famille tu feras bien d'en parler pour qu'on voye que je n'ai pas négligé la recommandation.

La petite a retrouvé sa mère ce matin et le voyage s'est fait sans accident et les voyageurs bien à l'aise dans la voiture.

Adieu ma bien tendre amie , je vais porter ma lettre, prendre une bavaroise et me coucher.


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