Hier ma tendre amie a été un beau jour pour les amis de l'ordre, les cérémonies qui ont eu lieu en ramenant enfin le culte de nos pères assurent au gouvernement une stabilité à laquelle tient maintenant le bonheur général. J'espère aussi que ce jour-là aura été agréable pour toi puisque la nouvelle de ma nomination doit t'être parvenue le 28 si les 4 jours ont suffi. Je sais tout le plaisir que cela t'aura fait et tout en le dissimulant un peu aux autres, nous ne pouvons nous empêcher de convenir entre nous que cela est bien heureux pour nous et nos enfants.

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Les journaux te donneront le détail de tout ce qui a eu lieu hier, j'étais fort bien placé et en administrateur des hospices ; j'étais à l'hôtel-dieu, avec des dames, avec un très bon déjeuner et placé à une fenêtre de manière que personne ne pouvait entrer dans l'église sans que je le visse parfaitement ; j'entrai ensuite dans l'église pendant la cérémonie, elle est si vaste et on avait pris tant de précaution pour qu'il n'y eut pas foule qu'il y avait encore beaucoup d'espace vide. J'ai été enchanté du cortège et de la manière dont le premier consul a été applaudi ; il a été accueilli partout bien, à la Lyonnaise, tu trouveras les détails de toute cette solennité dans les journaux. Je te dirai seulement qu'on ne peut voir de plus belles troupes et un cortège plus magnifique. La livrée du premier consul est en vert galonné en or sur toutes les tailles, il était dans une voiture à 8 chevaux, les consuls sont arrivés dans la sienne ; mais ils avaient chacun la leur attelée de six chevaux ; leur livrée est brune et différente ; toute celle des ministres est jaune et argent ; des valets de pied en grand habit et à cheval précédaient les voitures des consuls ; Mad. Bonaparte arriva un peu avant la cérémonie avec un cortège de vingt voitures où étaient les femmes d'ambassadeurs et quelques unes de sa société ; Mad. Bonaparte la mère dans une voiture très simple elle fut applaudie il paraît qu'on en fait grand cas. Je comptai 62 voitures à quatre chevaux qui précédaient le premier consul et renfermaient les ambassadeurs qui avaient de superbes livrées, les ministres et les conseillers d'état, enfin tout ce qui tient au gouvernement le sénat, le corps législatif, le tribunat, le tribunal de cassation, d'appel, etc. arrivèrent en voiture parmi lesquelles il n'y avait pas un fiacre. Ainsi tu peux te faire une idée du nombre prodigieux de voitures qui arrivèrent successivement à Notre-Dame. [...]

Le clergé où il y avait 24 à 25 évêques est venu recevoir le premier consul à la porte de l'église il s'est placé sous le dai avec les deux autres consuls et toutes les cérémonies d'usage en pareil cas dans l'ancien temps, ont été observées à son égard. Je sortis avant la fin de la cérémonie pour revoir l'ensemble du coup d'œil de la marche, il faisait beau, et c'est vraiment une des choses les plus satisfaisantes dont j'aie jamais été témoin. Partout le premier consul a reçu des marques de la satisfaction générale, et a constamment répondu par des saluts, aux cris de joie et aux applaudissements d'un peuple immense qui se pressait sur son passage. C'est surtout quand j'ai du plaisir ma tendre amie que je regrette la mère et les enfants car tu sais que je n'aime pas à en avoir tout seul ; je me porte bien, il ne conviendrait pas d'être malade quand on est si content, l'incertitude où j'étais, était peut-être mon plus grand mal. Besson est allé à Genève avec son fils pour consulter ; je plains bien ma sœur et lui si l'on ne trouve pas un moyen de soulager ce pauvre enfant. J'embrasse de tout mon cœur les miens et leur tendre mère .