Lettre d'Antoine à son épouse Magdeleine, 26 mai 1801

Expéditeur : Antoine Morand
Expedié depuis : Paris

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Transcription

N°34/ A Madame Morand Jouffrey. Rue St. Dominique. A Lyon.
Paris le 6 prairial mardi

Il faut convenir, ma bonne amie , que dans ta dernière lettre tu as bien envie de me chercher querelle, je ne lis point tes lettres attentivement et ne parle point de la Glacière, cependant il est prouvé que je ne l'ai pas oubliée puisque la lettre où il en est question arrive. Pour qu'une lettre vienne par la poste aussi vite que dans la poste de Mad. de Quinson , il faut l'écrire, et cette lettre a été écrite le lendemain du départ et est rendue à peu près en même temps qu'elle l'aurait été par la voyageante etc. vous voyez bien que vous ne me faites que de mauvaises querelles et j'espère que vous ne pourrez jamais m'en faire d'autre et je me flatte de trouver l'occasion de m'en venger quand je serai près de toi et que je pourrai t'en bien faire enrager.

Et donc tu emplis deux pages de ta lettre à me prouver que je ne suis qu'un imbécile ou que tu n'as pas compris du tout ma marche ; tu reviens toujours à tes vingt ans d'exemption comme si j'avais pu suivre cette marche et si je n'avais pas été obligé d'en suivre une plus longue à la vérité mais plus avantageuse pour nous si je réussis. Quant à la question faite par ma note, tu dois sentir que ce serait une manière très déterminée d'être imposés et qui n'aurait pas les dangers de l'arbitraire où nous sommes tombés et j'ai cru m'être expliqué de manière à te faire sentir que de quelque façon que les ponts fussent imposés nous serions toujours exempts pendant vingt ans de la contribution qu'on établirait sur eux pour l'avenir. Si cependant elle était très légère je ne demanderais point d'exemption pour qu'on ne l'oppose pas comme un dédommagement suffisant et que cela ne nuisît à la demande en continuation du péage actuel.

Mon affaire marche bien à présent et je commence à me flatter du succès, la connaissance que m'a fait faire M. de Laurencin m'est de la plus grande utilité et décidera j'espère les hommes dont dépend cette affaire à un rapport prompt et avantageux, soyez donc bien tranquille Madame et croyez que la compagnie n'a point mal fait de choisir pour son fondé de pouvoir celui que vous avez bien voulu honorer de votre confiance et choisir pour vôtre.

Quant à la seconde affaire, je ne la commencerai que dans quelques jours, j'entends que le dernier avis de M. Cretet sur la premier soit envoyé aux finances avant que de former auprès de lui ma demande nouvelle, d'ailleurs son frère aîné est au moment de partir et comme il a de la mémoire il pourrait se rappeler de ce que je disais dans le principe sur le double péage et n'est pas d'avis que j'en aie changé maintenant.

Dis à M. Tisseur de rassembler toutes les impositions payées depuis notre rentrée dans le péage, d'aller chez le receveur et de se faire donner un certificat sur le vue de ces feuilles ou par extrait de ses registres ; il certifiera que la compagnie du pont en bois sur le Rhône a payé

en l'an 5…

en l'an 6 …

pour la taxe de guerre…

etc.

le dernier article sur l'acompte de l'an 9.

Tu feras certifier la signature du receveur par Jaumes , si comme je le crois c'est à lui à le faire et tu m'enverras cette pièce ; il est inutile d'y joindre la traille, cela ferait deux opérations parce qu'il faudrait attendre un autre receveur et cet article n'en vaut pas la peine.

Il est possible que je ne fasse pas usage de cette pièce mais comme selon les circonstances elle peut m'être indispensable, tu me l'enverras aussitôt que tu l'auras ; si ce n'est pas à Jaumes à certifier la signature du receveur, il t'indiquera la personne qui doit le faire. Je n'ai pas besoin de te dire lorsque tu le vois, qu'il faut lui faire toujours bien des compliments de ma part.

Je viens d'être interrompu par une visite de je ne sais qui, qui ne m'a pas fait grand plaisir, c'est un homme qui m'envoie M. Papillon pour que je sollicite pour lui au tribunal de cassation, tu sens que je ne me mêlerai en aucune manière d'une affaire aussi sale. J'ignorais qu'il avait été condamné à 14 de fers et sa femme aussi par contumace. J'espère que ceci servira de leçon à M. Tisseur pour ne pas se lier trop légèrement, ces gens étaient continuellement dans le bureau de recette et sans pouvoir imaginer ce dont ils se disent capables tu sais que j'ai toujours vu avec peine ces liaisons. J'imagine qu'on s'est mis en (lgt) pour faire rembourser à la compagnie la somme qu'il lui devait ; parles-en à Gouret , j'en ai toujours voulu à Tisseur qui avançait que je lui avais donné l'ordre de lui prêter cet argent ; sur le tout je le crois honnête et qu'il mérite toute confiance ; je sais surtout que nous avons besoin de lui, mais il faut trouver petit-à-petit les moyens de ne pas être tout-à-fait dans la dépendance


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