Lettre d'Antoinette à son fils Antoine, 31 octobre 1799
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J'ai été extrêmement surprise, mon cher fils , que vous n'ayez pas partagé la satisfaction que j'avais éprouvée de vous avoir soustrait à un impôt qui n'était pas su et de n'en pas recevoir des remerciements au lieu de reproches. Ce n'est sans doute que dernièrement et par des réflexions subséquentes que vous m'écrivez car si vous les eussiez faites dans le temps vous m'en auriez fait part. Courrier par courrier, (le jury était encore existant et les mains ouvertes pour recevoir), vous n'auriez pas tardé plus de six semaines à me répondre sur un objet aussi important. D'ailleurs qu'aurais je pu aller dire ? Par vous lettre vous me marquiez qu'il n'est point encore décidé si l'emprunt forcé sera pris individuellement ou collectivement. Si c'est collectivement, il ne peut regarder le département de l'Isère ; si c'est individuellement, il est prouvé par votre mémoire que je ne puis devoir eu égard à la nullité des rentes du pont pourquoi donc aller fixer son attention, et n'avoir pas confiance à la décision d'un de nos plus habiles jurisconsultes, à l'opinion de votre beau-frère de votre sœur je ne parle pas de la mienne. N'avez-vous pas toujours le moyen de prouver par vos contrats que vous n'avez pas l'usufruit des cinq actions dont vous avez la propriété, et si l'administration du département du Rhône persiste à vouloir l'impôt collectivement le pont étant taxé à 40 000 livres, en présentant votre mémoire (si contre toute justice) l'on veut toujours percevoir l'impôt il ne peut être que d'une très petite valeur. Il me semble donc que dans l'état de gêne où vous dites vous trouver, il n'était pas indifférent de vous épargner une somme de près de 700 livres dont le plus grand risque ne peut vous exposer qu'à en donner une bien inférieure.
[...]
Après m'avoir laissée plus de six semaines inquiète sur votre santé
(je l'ai été jusqu'à l'arrivée du cit. Clément
) vous
m'écrivez que ne pouvant éviter le ton de lamentation dans vos lettres, vous préférez de
vous priver du plaisir de m'écrire. N'avez-vous donc mon cher fils
que ce sujet à traiter
vis-à-vis votre infortunée et bonne mère
, que
sont devenus les épanchements de cœur qui jadis faisaient les délices de notre
correspondance, pourquoi ne me pas parler en détail de mes chers petits enfants, du
développement de leur intelligence, de leurs occupations, de leurs plaisirs, de leur
attachement pour vous pour leur mère qui prend tant de soin de leur éducation. Ha mon fils
! si vous contiez bien vos
jouissance dans tous les genres, vous supporteriez avec bien plus de courage vos
privations ; surtout si vous les compariez à la vie pénible qu'ont menée vos bons
parents. Je vous suis obligée de l'habit que vous m'avez envoyé. Je n'y comptais plus et
je croyais que votre femme
en avait fait une
autre destination. Faites lui en aussi mes remerciements et l'embrassez pour moi bien
tendrement. Ainsi que mes chers petits enfants. Je ne suis point étonnée du
Je suis fort bien arrangée dans mon nouvel appartement mes meubles y font un bon effet il ne me manque que des chaises. Le défaut d'argent m'a fait manquer de fort belles occasions, pour des fauteuils en tapisserie dans différents encans. Le meuble d'Aubusson de Mlle Rétif s'est donné pour 650 livres ; l'on vend maintenant celui de Mde de Bourset la veuve du lieutenant général morte depuis deux mois. Ce que je trouve de plus agréable dans mon appartement c'est la faculté de pouvoir mettre pour vous un lit dans une très petite chambre à côté de la mienne. Si vous êtes plus jalous (sic) du plaisir de me voir que de celui de m'écrire, pressez vous de venir l'occuper. Nous trouverons sûrement bien une place pour votre cher James , voilà le moment de me l'amener. Avant que de le mettre dans la pension que vous lui choisirez.
Votre sœur
, votre beau-frère
et leurs enfants avaient fait
un petit voyage à Voiron, ils ont ramené le pauvre Auguste
malade et ayant la fièvre. Je suis inquiète de la santé de ce bon petit
enfant. Il est triste, il a un mauvais teint. Cependant le médecin n'en est pas en
peine ; il n'a dit-on
Pourquoi mon fils parlez vous de ne m'envoyer que 25 louis après me les avoir fait attendre plus d'un mois et sans égard au besoin que je vous ai dit avoir de toute la somme que vous me devez. Je dois toujours trois cents livres à mon chirurgien et je viens d'emprunter dix louis de Mme de Sion pour quelques jours afin de donner quelques acomptes à mes ouvriers. Je ne puis tarder de les lui rendre dans l'état de gêne où elle se trouve elle-même. Cessez de mériter mes reproches, et ne mettez pas dans la peine celle qui n'a pas craint de s'y mettre pour votre avantage n'abusez pas de la tendresse de votre mère Levet Morand .