Lettre d'Antoine à son épouse Magdeleine, 5 novembre 1794

Expéditeur : Antoine Morand
Expedié depuis : Briançon

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Transcription

A la citoyenne Morand la jeune dans sa maison à Machi commune de Chasselay.
Briançon, le 15 brumaire l'an 3 de la République, à onze heures du soir.

Antoine part le lendemain pour Embrun.

[...] nous ne nous sommes jamais entendus sur cet objet. D'abord je suis de l'avis du conseil que je crois avisé de suivre et dont le nom doit commencer par un R. sans le connaître particulièrement j'ai toujours fait le plus grand cas et de ses connaissances et de sa prudence, il était fort estimé et aimé de notre ami choig . dont tu ne m'as pas donné de nouvelles. Je n'ai donc jamais cru convenable de suivre moi-même l'affaire dont il est question, je suis trop content de tout ce que fait ma fondée de pouvoirs , je sens d'ailleurs qu'à beaucoup d'égards je ne le pourrai pas. Je n'ai jamais pensé non plus à quitter mon poste, pour me retirer à la campagne, tant que je pourrai être de quelque utilité et que j'en conserverai les forces, je servirai la République. Ce que je demandais et ce que je demande encore, … à obtenir un congé d'un mois qui me mette dans le cas de passer quinze jours dans mes foyers et d'embrasser ma femme mes enfants et celles qui voudront bien me procurer le plaisir mêlé de peine, de les revoir. Il me semblait que je pouvais passer ce temps à la campagne, sans que je fusse présent dans l'endroit où l'on suivra l'affaire, dont je sens bien que je ne dois pas me mêler. Et n'ai jamais eu ma chère amie d'autre projet pour le présent, son exécution me remplit de joye et contribuerait à mon rétablissement ; cependant je me résigne en tout ce qu'on croira le plus raisonnable et là-dessus je te laisse maîtresse de décider tout ce que tu croiras plus convenable et à nos intérêts et à ma tranquillité. Si cette affaire se commence, tu ne peux pas quitter, et si le moment n'est pas propice, j'attendrai que tout soit terminé, mais ce sera moi qui t'irai voir, sauf ensuite à toi à prendre ta revanche au retour de la belle saison, avec les petits amis et pour un peu longtemps ; voilà les projets dont je me nourrissais depuis quelque temps et qui me faisaient grand bien, de grâce ne les renverse pas tout-à-fait. 

[...]

Quand tu le voudras ou le croiras nécessaire, je pourrais t'envoyer un nouveau certificat de civisme de la municipalité et autorités constituées, tout cela autant que cela sera nécessaire pour suivre l'affaire que tu vas entreprendre ; que je voudrais bien entre nous que tu suivis seule, mais dans laquelle je sens bien qu'il te faudra souvent éprouver des ennuis auxquels je te remercie bien de vouloir t'exposer ; que d'obligations ma chère amie , que de droits à ma tendresse, comment jamais m'acquitter envers toi ? Embrasse tendrement nos enfants et pense souvent à leur père.

Un feuillet manquant.


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