Lettre d'Antoine à sa mère Antoinette, 28 mai 1787

Expéditeur : Antoine Morand
Expedié depuis : Lyon

Facsimilés

Si le zoom ne fonctionne pas sur votre navigateur : cliquer sur l'image
Archives municipales de Lyon, fonds Morand, FRAC069123_14II_35_2_1787_05_28_1.jpg
Archives municipales de Lyon, fonds Morand, FRAC069123_14II_35_2_1787_05_28_2.jpg

Transcription

Adresse ?
Lyon, ce 28 may à 10 heures du soir

Naissance d'Olympe Bertrand de Besson, le 27 mai 1787.

Ma chère maman ,

Je ne veux pas me coucher sans vous parler de la joie que votre lettre du 27 a répandue dans la maison, nous avons tous appris avec transport l'heureuse délivrance de ma petite sœur maintenant petite maman, quelque naturels que soient ces moments on ne peut se défendre de certains mouvements de crainte, surtout quand on est éloigné et que comme moi l'on a assisté à une scène qui ne s'effacera jamais de ma mémoire.

Nous voilà maintenant parfaitement tranquilles, et sur le compte de ma sœur et sur le vôtre par conséquent, il me paraît qu'elle a été traitée bien doucement pour une première fois, qu'elle ne soit point fâchée du sexe de son enfant et qu'elle n'imagine pas que son mari doive l'être, je suis sûr que Besson aimera sa fille de tout son cœur et comme moi, ne voudra pas la changer contre un garçon ; pour moi je suis tout fier d'avoir une petite nièce de mon sang et la petite Olimpe me sera aussi chère dans la suite que l'Eléonore qui m'a toujours tendrement aimé et à qui je le rends bien.

Nous avons envoyé chez mon oncle qui comme il nous l'avait annoncé, ne s'informait pas du sexe de l'enfant mais seulement de la santé de la mère, il a été enchanté d'apprendre qu'elle était aussi bonne qu'elle peut l'être après une pareille secousse, je l'ai fait dire à M. de Chambéry , je l'écrirai demain à Mme de Champvieux, et verrai M. Dodieu . [...].

Ma bonne amie est dans la plus grande joie, elle embrasse et félicite bien sa sœur, elle la prie de donner de sa part à la petite Olimpe un baiser bien tendre c'est-à-dire un baiser de mère ; Albine aimera bien cette petite cousine, l'attachement des pères et mères est un sentiment constant qui sans diminuer se perpétuera et unira les enfants.

Adieu ma chère maman , je vais me coucher, mais bien plus content que je l'ai été depuis votre départ, je suis tranquille maintenant sur la santé de tout ce qui m'est cher et si mon sommeil est interrompu ce ne sera désormais que par des songes agréables.

Ayez la bonté de nous donner exactement des nouvelles, de la santé de la nouvelle maman et croyez que le tendre attachement que j'ai pour la mienne est toujours pour moi un sentiment délicieux. Je suis avec respect, chère maman , votre très humble et très obéissant serviteur et fils. Morand de Jouffrey.


Licence

Creative Commons License