Lettre d'Antoine à son épouse Magdeleine, 14 avril 1802

Expéditeur : Antoine Morand
Expedié depuis : Paris

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Transcription

A Madame Morand Jouffrey, rue Saint-Dominique, à Lyon
Paris, Mercredi 24 germinal à onze heures du soir

Encore un petit mot ma chère amie avant de me coucher ; les législateurs ont ce matin vu le premier consul, comme je te l'avais mandé ; M. Fulchiron tenait ma pétition et portait la parole, il a dit au premier consul que la nomination du cen [citoyen] Blanc au corps législatif laissant une place vacante au tribunal d'appel de Lyon, toute la députation du Rhône s'était réunie pour… le premier consul l'a interrompu en lui disant j'ai nommé hier à cette place, j'y ai nommé le citoyen Morand ancien magistrat et qui avait été oublié ; tous nos députés ont bien voulu alors lui adresser des remerciements en ajoutant qu'il avait prévenu leurs désirs, etc. le premier consul a paru très content du plaisir qu'ils témoignaient de ce choix et surtout, il semble, d'avoir deviné leurs intentions.

J'ai dîné chez M. Allard avec toute la députation, M. de Virieu , M. Bedos, M. Blanc et plusieurs Lyonnais, c'est Mad. Allard qui m'a appris cette bonne nouvelle que j'étais loin d'attendre, j'ai été bien embarrassé et l'ai rendu avec grand plaisir, on ne peut comme je te l'ai déjà dit souvent avoir un meilleur cœur que celui qui anime toute cette famille et je suis bien sensible aux preuves d'intérêt que j'ai reçues pendant ce voyage et du mari et des dames.

[...]

J'avais tant de concurrents et tant de gens puissants qui les étayaient que tu devais bien voir que je ne me flattais pas beaucoup du succès, surtout depuis une quinzaine de jours.

Il serait dur de décompter maintenant et cela n'est pas du tout vraisemblable cependant borne-toi à raconter ce qui s'est passé à nos bons voisins et réponds aux compliments qu'on pourra te faire que cela est vraisemblable mais n'est point encore achevé.

Au reste malgré toute la joie que j'en ai et que tu partages bien il faut cependant ne pas en paraître trop enchanté car enfin il n'y a rien de bien surprenant et à quoi nous ne dussions nous attendre. [...]

Adieu ma chère minette je t'embrasse bien tendrement, suis bien content de mon plaisir et encore plus du tien, j'écrirai à ma mère demain soir pour après-demain, que je suis content de n'être plus aussi obligé de lui demander humblement une légère diminution à mes engagements et qu'elle doit regretter de ne m'avoir pas donné…… mais j'ai tort ma bonne amie il est mal sans doute de se plaindre quand on doit être content parfaitement content. J'embrasse bien fort la mère et les enfants. [...]

Il joint le projet de loi qui est tel qu'il l'avait arrêté ; ont simplement ajouté « 5 » là où il avait laissé un blanc pour le nombre d'années de doublement du péage.

Il doit à une conversation avec le moine la manière dont il a été nommé. Le voit comme une preuve d'amitié.


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