Lettre d'Antoine à son épouse Magdeleine, 25 juillet 1801
Expedié depuis : Paris
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[...] M. Cretet avait écrit au Sujet pour l'autoriser à prolonger le double péage du pont de la Mulatière jusqu'au moment où la loi serait rendue, cela n'était pas trop dans l'ordre, excédant son pouvoir et pouvait donner lieu même à des choses désagréables pour lui. Lorsque je me suis présenté pour cette seconde affaire il n'avait point vu d'inconvénient à suivre la même marche, je ne sais qui lui a fait peur mais on en a suivi une autre pour mon affaire qui serait plus avantageuse si elle réussissait, mais dont le succès n'est pas aussi certain. On a tout de suite fait le projet de loi pour le faire adopter au conseil d'État et qu'il fût prêt dans le portefeuille, pour être des premiers présentés au corps législatif, et on a fait en même temps un projet d'arrêté des consuls pour le provisoire – on se passe de cette manière de l'avis de l'ingénieur qui est suppléé pour moi, par le travail fait par les architectes, les deux choses doivent passer aujourd'hui au travail du ministre de l'intérieur et être ensuite portée à la signature des consuls. Les pièces du pont de la Mulatière sont arrivées. Il ne paraît pas que l'avis de l'ingénieur leur soit contraire comme on le craignait et l'on va s'occuper de mettre aussi leur travail en règle ; hier j'ai été chez M. Chambier avec M. Berger et Mufret pour la compagnie Perrache ; si je ne suis pas content de n'avoir pas été traité tout bonnement comme eux, ils ne le sont pas non plus de me voir en apparence plus avancé ; j'ai fait sentir à ces messieurs que mon affaire décidait la leur et que malgré la lettre de M. Cretet au projet pour leur prorogation provisoire, certainement elle n'aurait pas lieu si les consuls refusaient de signer pour ma prorogation, ils en convinrent bien et vont m'aider à faire passer cette affaire à la signature, autant que cela sera en leur pouvoir.
Quant je te parlais de l'arrivée du préfet pour cette affaire, ce n'était pas qu'il fut besoin d'un nouvel air, mais c'est que M. Cretet m'avait dit qu'il n'écrirait point à cet égard, mais qu'il verrait volontiers avec le préfet les moyens qu'il y aurait à prendre pour proroger ce double péage jusqu'au moment de la loi, sans se compromettre ni l'un ni l'autre. Avec la marche qu'on suit maintenant, je n'aurai pas besoin de mettre sa complaisance à l'épreuve pour cet objet assez délicat mais encore un coup il faut que cet arrêté des consuls pour le provisoire, n'éprouve pas de difficultés.
Quant à l'autre affaire, je t'ai déjà dit je crois que je ne peux pas me flatter d'avoir la décision du ministre avant le 13. Dieu veuille encore que M. Le Roy me tienne parole et ne tombe pas malade car il est très fatigué depuis quelques temps ; il m'a bien proposé de partir et que je pouvais compter sur son exactitude à me faire passer la décision du ministre, mais je n'ai pas été de cet avis, tu vois d'ailleurs que l'arrivée du préfet et l'autre affaire me retiennent ici, j'écrirai à Gouret dans quelques jours, je t'adresserai toujours la lettre quoique cela la retarde un peu, mais tu auras soin de la faire parvenir bien sûrement à son adresse ; [...].