Lettre d'Antoinette à son fils Antoine, 7 mai 1799
Expedié depuis : Grenoble
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J'ai prié mon cher fils , ma sœur de me laisser faire essai de mes forces et de mon adresse pour vous mieux rassurer sur l'état de ma santé qui est aussi bonne qu'elle peut l'être dans mon état. M. Para qui part avec le courrier d'aujourd'hui, vous instruira mieux que moi du passé du présent et du futur ; je vous ai fait écrire que la fistule dont j'ai été opérée était simple ; je crois que cette simplicité n'a été que dans ma crédulité. Ce n'est que depuis trois jours que je le soupçonne (?), je ne puis rien voir et n'ai garde d'y toucher. M. Para a cru nécessaire de m'en faire un secret. Je vous prie de l'aller voir de suite de lui parler de ma reconnaissance, de lui témoigner la vôtre par votre empressement à le recevoir chez vous. Je lui ai toutes les obligations, à la recommandation de M. Desgranges , à son amitié pour M. Silvy , et surtout à sa bienfaisance qui a je crois été excitée par mes malheurs. Il me suffit de vous dire qu'après avoir pris toutes les précautions pour s'assurer de la nécessité de l'opération, et de la manière de la faire, il m'en a convaincue (il ne fallait pas moins que la confiance que m'inspirait sa célébrité, et la force de son raisonnement) il l'a dirigée, il a assisté aux premiers pansements, il m'a fait de nombreuses visites, et m'a prodigué les soins les plus assidus et les plus constants, avec le plus grand désintéressement et dans des moments où il s'occupait de son rétablissement.
Il ne me reste qu'à souhaiter que lorsque vous aurez bien connu M. para , il vous inspire même confiance qu'à moi et mes enfants de Grenoble. Vous êtes né fort et vigoureux vous n'avez besoin que de quelques bons conseils pour vous et vos enfants.
Remerciez votre femme de la lettre intéressante qu'elle a pris la peine de m'écrire, embrassez-la pour moi, ainsi que mes chers petits-enfants bien tendrement. Je ne pourrai lui répondre qu'après que ma plaie sera cicatrisée. Embrassez pour moi ma chère fille Demontherot . J'ai été bien sensible à la lettre qu'elle a écrite à ma fille. Mille compliments de félicitations à M. Hubert et à sa dame sur le bon mariage de son aimable fille. Je suis bien empressée du plaisir de vous voir mon cher fils . Je ne sais si je serai encore bien guérie du quinze au vingt c'est encore le secret d'Esculape mais de grâce arrangez-vous pour rester au moins quinze jours et m'amener mon cher petit James , M. Dubois m'a dit qu'il était guéri. Je voudrais aussi vous parler de tous les soins de M. Silvy qui est bien digne de l'amitié qu'a pour lui M. Para par son habileté et ses qualités personnelles mais je suis obligée de terminer. Ma position est très fatigante étant appuyée sur le côté gauche. Ma sœur mes enfants vous embrassent. Venez recevoir les embrassements de votre bonne mère Levet Morand .