Lettre d'Antoine à son épouse Magdeleine, 16 septembre 1796
Expedié depuis : Paris
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Rien de nouveau, ma chère amie , car l'empressement que j'ai de quitter Paris et pour mieux dire d'aller te rejoindre, n'est pas nouveau ; je ne tarderai pas de sortir pour aller chez M. Larmagnac , brave homme qui sera mon rapporteur au Conseil des Cinq-Cents anciens et je saurai sans doute s'il fera le rapporteur de mon affaire le second jour complémentaire comme il me l'avait promis ; c'est un de tes parents qui est cause que ce M. Larmagnac que je ne connaissais pas est mon Rapporteur ; il a connu Tempier je ne sais où mais ils paraissent liés ; c'est d'ailleurs un très honnête homme et qui paraît satisfait de trouver l'occasion de se rendre utile. Le hasard me fit rencontrer M. le docteur le jour même où je commençais mes courses auprès des anciens et il me conduisit sur le champ chez celui qu'il connaissait. Le lendemain nous dînâmes et causâmes ensemble ; il habite décemment dans un des bouts de Paris et sa future dans le centre, il est vrai qu'on le trouve toute la journée à son hôtel, je n'ai point vu la dame il me l'a proposé légèrement et en remettant la visite j'imagine que je ne la ferai pas, j'aurais cependant été très curieux de la voir et l'entendre ; elle se fait appeler maintenant Mme Monnier et Tempier compte qu'elle prendra le sien (c'est-à-dire son nom) dans une huitaine de jours, temps auquel seront écoulés les délais nécessaires à la petite formalité du divorce. Il est toujours aimable mais au moins craqueur ( ?) et je l'écoute ordinairement sans croire tout ce qu'il me dit ; il m'a bien fait d'obligeants reproches de ne l'avoir pas cherché depuis le temps que je suis à Paris, je me suis excusé sur mes affaires, et d'ailleurs son père ne m'avait pas donné son adresse et je ne savais pas s'il était ou non à Paris ; d'ailleurs je n'étais pas très jaloux de cultiver la connaissance de ma future cousine, qui ne joue pas dans la bonne compagnie un rôle très agréable.
Il paraît, ma bonne amie , que tu n'as pas été instruite à temps de la citation que m'a sans doute fait donner M. Son au tribunal et que tu n'as chargé personne de ma défense, lorsque le jugement t'a été signifié, il était sans doute par défaut (c'est-à-dire que personne n'avait porté la parole pour moi) et alors Vitet et sa section n'ont pas pu faire autrement qu'ils n'ont fait.
Je crains bien malgré mon désir que le besoin que j'aurais de
rester tranquille auprès de toi que la santé de ma
mère
et mes affaires ne me permettent pas de rester longtemps à Machy sans
courir. Alors Mlle Mion
fera bon usage de ses
jambes car je ne veux pas coucher à Lyon de longtemps, il est trop triste de coucher
seul, mais je sens bien que je suis prodigieusement échauffé et le voyage ne contribuera
pas à me rafraîchir. [...] mille baisers à nos enfants, quand pourrai-je les donner
moi-même à la mère et aux enfants ! Plus j'approche de ce terme agréable plus
J'attends une réponse de M.
Rieussec
, il y a eu je crois quelques changements sur le tribunal et si cela
allait changer ma position je serais bien attrapé ; je devrais par mon rang entrer au
criminel