Lettre d'Antoine à son épouse Magdeleine, 25 août 1794

Expéditeur : Antoine Morand
Expedié depuis : Lieu d’expédition inconnu

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Transcription

Pour remettre à la citoyenne
Le 8 fructidor l'an 2 de la République une et indivisible.

Je te remercie bien ma tendre amie , de n'avoir pas voulu te coucher sans m'avoir fait part de tes succès ; il semble que tout s'est accordé pour servir le désir que tu avais de me les communiquer promptement et ta lettre partie le 5 m'est parvenue hier sept, à dix heures du matin. Quelque justes que fussent tes réclamations, j'ai assez d'idée des affaires pour évaluer les difficultés que tu avais à vaincre ; ton courage ta constance et ton patriotisme ont tout surmonté ; jouis de ton ouvrage ma chère amie et que le plaisir de voir triompher la cause des vrais républicains et les droits que tu acquiers sans cesse à l'attachement de tout ce qui t'est cher, te dédommagent de tes peines et seront la première récompense de ta conduite.

J'ai reçu cette bonne nouvelle, le jour même où tu as dû aller avec le père du cousin à M[achi]. J'imagine ma bonne amie que ce jour-là aura été bien agréable pour toi et pour mes voisins. C'est une bien grande satisfaction de ne trouver que des amis et de n'avoir que des remerciements à faire, malheur à ceux qui ne connaissent pas la reconnaissance, et pour qui elle est un fardeau. J'imagine que les petits auront accompagné leur tendre amie et ajouté par leur présence à sa satisfaction, et à celle de nos amis. Ils ne peuvent pas encore évaluer leur mère et les services qu'elle leur rend, mais leurs petits cœurs n'ont pas besoin de raisonnement pour la bien chérir. Et ce sera à leur meilleur ami à ne leur pas laisser ignorer tout ce qu'ils doivent à cette tendre mère, lorsqu'ils seront en âge de l'apprécier. [...]

Je suis infiniment occupé dans ce moment, j'ai beaucoup de monde dans ma chambre, et un peu d'attendrissement dont je n'ai pu me défendre en commençant ma lettre, et en adressant à ma bonne amie la faible expression de ma tendre reconnaissance m'empêche de continuer une lettre que je suis obligé au reste de faire partir sur le champ si je ne veux pas manquer le courrier… n'aurai-je donc un peu de courage que dans le malheur… mille choses bien tendres à Mes amies et aux heureux enfants d'une mère chérie. Adieu.


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