
Accueil > La révolution, la prison, la guillotine
Jean Antoine Morand a démonté son pont, au moment du siège en août 1793, pour obéir aux ordres du général de Précy. Qu’il soit de soumission ou de loyauté à la rébellion lyonnaise, l’architecte paiera ce geste de sa vie. En novembre 1793, il est arrêté par les républicains qui ont repris la ville.
De prison, il écrit à Antoinette. Il lui décrit ses conditions de détention tout en la chargeant d’obtenir sa libération. A la prison de sûreté, dite des « Recluses », Jean Antoine a apporté son propre matelas en raison de « ses infirmités et de son âge » et obtient des vivres par une « commissionnaire » qui a « les entrées de l’hôte » (le concierge Sillion fils). Lorsqu’il est transféré à l’Hôtel de ville, les conditions changent : les détenus sont entassés par centaines les uns sur les autres, privés de matelas, de couteaux et de fourchettes. A peine nourris, ils peinent à dormir dans des salles glaciales sur une paille qui n’est jamais changée. Jean Antoine, après un mois de détention, écrit qu’il vit un « enfer dont il est impossible d’assez peindre les horreurs ». Au moment de son procès, Jean Antoine proteste de son innocence. Il a toujours été républicain, et le seul fait d’être né dans le Briançonnais, pays « où la liberté et l’égalité existent depuis 400 ans, époque de l’expulsion des nobles », le prouve. Il ne convaincra pas ses juges qui l’envoient à l’échafaud le 23 janvier 1794.